ALGER- Le nouveau gouvernement égyptien de Kamal el-Ganzouri, dont l'autorité a été renforcée par l'armée, a été investi mercredi alors que le pays est engagé dans un processus d'élections législatives dont la première phase vient de déboucher sur une victoire des formations islamiques. Comprenant plusieurs personnalités de l'ancien cabinet, le nouveau gouvernement du "salut national" a prêté serment devant le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Hussein Tantaoui, qui assure le pouvoir depuis le renversement du régime de Hosni Moubarak en février dernier, a annoncé la télévision d'Etat. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Kamel Amr, a été maintenu à son poste alors que le porte-feuille de l'Intérieur passe à un ancien chef de la police de Guizeh, un gouvernorat englobant une grande partie du Caire, qui remplace Mansour el-Issaoui. Le ministère des Finances a été confié à un nouveau ministre, Moumtaz Saïd. Le futur Parlement devra former une commission pour rédiger une nouvelle Constitution, une étape décisive de la transition politique en Egypte. Déjà Premier ministre de 1996 à 1999 sous l'ère Moubarak, le chef du gouvernement el-Ganzouri s'est dit décidé à "améliorer la situation sécuritaire", et à "redresser une économie" en forte crise depuis le début de l'année. Résolu à remettre le pouvoir aux civils après une élection présidentielle prévue avant la fin juin 2012, le Conseil suprême des forces armées, qui gère les affaires courantes du pays a décidé de renforcer les pouvoirs du Premier ministre en lui confiant "les prérogatives accordées au président de la République en vertu de la loi, à l'exception de celles concernant les forces armées et les institutions judiciaires". Le détail de ces délégations de pouvoirs n'a toutefois pas été immédiatement précisé, et doit faire l'objet d'un décret ultérieur. Cette décision survient au moment où l'Egypte est engagé dans un processus d'élections législatives qui doit durer plusieurs mois, et dont la première phase vient de déboucher sur une victoire écrasante des partis islamiques. Les Frères musulmans, qui présentent pour la première fois un parti aux élections, ont assuré mercredi avoir obtenu 36 des 54 sièges en lice au scrutin uninominal lors de la première phase des législatives, qui s'est achevée mardi soir. Avec une quarantaine de sièges supplémentaires supposés gagnés au scrutin proportionnel par listes, le parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) issu de la confrérie, pourrait être proche de la moitié des 168 sièges en lice. Cette première phase des législatives concernait neuf gouvernorats sur 27, dont les deux premières villes d'Egypte, Le Caire et Alexandrie. Le vote doit se poursuivre dans les autres régions jusqu'en janvier pour les députés (498 sièges à élire au total), puis reprendre de janvier à mars pour les sénateurs. Dans l'attente des résultats officiels complets, l'ensemble des formations islamiques, comprenant également les fondamentalistes salafistes, ont enregistré au total 65% des voix au premier tour la semaine dernière. Ces élections représentent la première grande étape de la transition démocratique depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février dernier. Néanmoins, la campagne électorale avait été émaillée de violences qui ont éclaté ces derniers jours lors des rassemblements sur la place al-Tahrir, haut lieu de la révolte populaire dans le centre du Caire, faisant 42 morts.