ALGER - Une session de formation sur la sécurité professionnelle du journaliste est organisée jeudi à Alger au profit d'une douzaine de journalistes issus des différents médias nationaux. Intitulée "bâtir une culture de sécurité pour les journalistes du Moyen-Orient et d'Afrique du nord", cette session de trois jours est organisée par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) en coopération avec le syndicat national des journalistes (SNJ). La responsable des projets de campagnes pour le Moyen Orient à la FIJ, Sarah Bouchetob, a déclaré à l'APS que la question de la sécurité du journaliste est d'"une grande importance en ce moment", relevant que "plus de 1000 journalistes ont perdu la vie dans l'exercice de leur métier lors de la dernière décennie". "Au moins 500 journalistes ont péri dans le monde arabe...", a-t-elle regretté avant d'ajouter que ces chiffres "font peur" et qu'il était temps de "mettre fin à ce tableau noir". Mme Bouchetob estime que c'est le rôle des syndicats et de la FIJ de dénoncer cette situation et de faire tout pour que les responsables de la mort des journalistes sur le terrain soient jugés, mais aussi de faire un travail au niveau des journalistes sur les risques qu'ils encourent dans les zones de conflits ou en couvrant des émeutes. Il s'agit, a-t-elle dit, de faire connaitre les risques et les préparer pour des missions par la connaissance des gestes qui sauvent la vie en apprenant aux journalistes comment arrêter une hémorragie et les gestes du premier secours. Elle a aussi relevé que les dernières années, les médias étrangers n'envoient presque plus des correspondants dans les pays à risques mais désignent des correspondants locaux pour éviter les risques, et cela abouti à un transfert de risques, comme c'est le cas en Irak et à Ghaza. Pour sa part, le formateur Tarek Hafid du SNJ a estimé que "la sécurité du journaliste, c'est la préparation d'une mission médiatique", et le reporter doit prévoir les risques connus mais prévoir aussi des imprévus par la collecte d'un maximum d'informations sur la zone ou il doit effectuer sa mission. "La menace ne peut être contrôlée, mais le risque oui", a relevé M. Hafid qui appelle les journalistes à "planifier le pire". Il a ajouté que plusieurs facteurs doivent être pris en considération lors de la préparation d'une mission médiatique, notamment, les facteurs géographiques, climatiques, politiques, économiques, sociologiques mais aussi sécuritaires afin d'identifier les dangers. M. Hafid explique que la collecte d'un maximum d'informations permet de connaitre les risques et les types de menaces, qu'"il ne faut jamais ignorer", selon lui. La FIJ a organisé une dizaine de session, dont deux en Irak et en Tunisie dans le cadre du programme de prévention sur la sécurité des journalistes lancé en juin 2011. Par ailleurs, Mme Bouchetob a souligné que la fédération vise de former au moins 1000 journalistes durant une période de trois ans. Pour ce faire, elle a formé des experts locaux dans les pays concernés par la campagne. Plusieurs thèmes relatifs à la question sont au programme, tels que la préparation d'une mission, la sécurité du voyage, la sécurité professionnelle, les blessures par balles et les accidents de la route, la couverture des émeutes et désordre public, les femmes journalistes et la prise d'otages et kidnappings. Les journalistes seront initiés au premiers secours, avec des scénarios pratiques et apprendront les indices permettant d'évaluer l'état d'un blessé et les gestes adéquats à adopter pour lui sauver la vie. Une deuxième session similaire est prévue les 19, 18 et 19 décembre en cours.