NEW YORK - L'ONU s'est engagée jeudi à mobiliser tous ses efforts pour le dégel total des avoirs libyens à l'étranger, après sa récente décision de la radiation de la Banque centrale de Libye et de la Libyan Foreign Bank de la liste des entités visées par ses sanctions. Intervenant devant le Conseil de sécurité pour présenter le rapport du Secrétaire général de l'ONU sur la Mission d'appui des Nations unies en Libye (MANUL), le représentant spécial de Ban Ki-moon et chef de la cette mission, Ian Martin, a indiqué que la radiation de ces deux banques libyennes de la liste des entités visées par des sanctions ''devrait aider à dépasser la perception répandue en Libye selon laquelle l'on refuse au pays l'accès à ses avoirs''. Il a ainsi invité les parties concernées "à faire le nécessaire pour que le gouvernement libyen ait accès le plus rapidement possible à des fonds suffisants". "J'espère que la crise de liquidité en Libye touchera bientôt à sa fin", a-t-il insisté. Dans sa réponse, Joao Maria Cabral, qui s'exprimait au nom du président du Comité 1970 chargé de sanctions contre la Libye, a fait part de l'intention de ce Comité de poursuivre ses efforts afin que tous les avoirs gelés en application des résolutions 1970 et 1973, "soient mis à la disposition du peuple libyen le plus rapidement possible". Ce Comité du Conseil de sécurité, crée en février 2011 en application de la résolution 1970, a été chargé de suivre l'application des mesures coercitives prévues par cette résolution contre l'ancien régime de Mouammar El Gueddafi, telles que l'embargo sur les armes, l'interdiction de voyager pour certains individus et le gel des avoirs de certains individus et entités. Outre la radiation de la Banque centrale libyenne et de la Libyan Foreign Bank de la liste des personnes ou entités visées par le Comité, M. Cabral a précisé qu'au cours de ces trois derniers mois, le Comité avait approuvé des demandes de dérogation aux dispositions des résolutions 1970 et 2009 sur le gel des avoirs libyens. La résolution 1970, imposant une série de sanctions contre le régime de Mouammar El Gueddafi prévoit "que les fonds nécessaires pour régler des dépenses ordinaires" ainsi que "les fonds nécessaires pour régler des dépenses extraordinaires'' échappent au gel décidé par le Conseil. La résolution 2009, par laquelle le Conseil avait décidé la levée d'une partie du gel des avoirs et créé la MANUL, prévoit l'accès aux fonds, notamment pour des raisons humanitaires. La totalité des dérogations, prévues dans ces deux résolutions et approuvées par le Comité, représente la somme d'au moins 18 milliards de dollars sur les trois derniers mois, a précisé M. Cabral. A rappeler que selon le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdeldjalil, les actifs libyens à l'étranger sont estimés entre 140 et 160 milliards de dollars. Par ailleurs, le chef de la MANUL a aussi présenté la situation politique et sécuritaire en Libye, quatre semaines après la formation du gouvernement de transition libyen. A ce propos, il a indiqué que les nouvelles autorités libyennes font déjà appel à la coopération pour faire face au problème de la sécurisation et de l'élimination des armes chimiques et des matériaux nucléaires, ainsi qu'à celui de la prolifération d'autres armes et munitions. "Elles continueront à avoir besoin d'une assistance pour mener à bien cette tâche, et tant la Libye que des pays voisins auront besoin d'une aide pour gérer leurs frontières, de même que les flux d'armes et les mouvements de populations", a-t-il affirmé. Soulignant qu'avec ce gouvernement, les Nations unies ont désormais des interlocuteurs, M. Martin a estimé qu'il faudrait répondre aux besoins les plus immédiats de la population libyenne et engager la réforme et la responsabilisation des institutions. "Tout cela doit être mené à bien dans un climat de sécurité encore incertain jusqu'à ce que des décisions soient prises en ce qui concerne le sort des combattants", a souligné M. Martin, en rappelant qu'il ne restait plus que six mois avant la tenue des élections législatives. "Le défi vaste de l'organisation d'élections libres et transparentes exige que soient mises en place une nouvelle armée professionnelle dont la doctrine serait fondée sur l'allégeance à un Etat moderne et démocratique, et une force de police dûment engagée dans le respect de l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme", a-t-il déclaré. Il a également observé que l'ambiance qui règne au sein de la population "changeait graduellement dans le pays et se focalisait sur les revendications qui étaient au cœur du soulèvement populaire". En termes de sécurité, M. Martin a indiqué que la situation s'était largement stabilisée, tout en admettant qu'il restait "quelques points sensibles où les risques d'affrontements demeurent réels". Citant à cet égard les affrontements armés d'une intensité variable qui ont marqué les semaines écoulées, notamment à Tripoli, le représentant spécial a souligné qu'il était "nécessaire d'établir une force de sécurité stable et fiable". Selon lui, le ministère libyen de l'Intérieur "s'y emploie, avec l'aide de la MANUL et d'autres partenaires-clés". M. Martin a fait remarquer que tant la stabilisation du pays que le succès du gouvernement dépendaient de la mise à disposition de liquidités suffisantes pour faire face aux besoins les plus urgents.