ALGER - Les positions des partis politiques sont divergentes concernant les lois adoptées récemment par l'Assemblée populaire nationale (APN) dans le cadre des réformes politiques initiées par le président de la République. Au moment où certains partis politiques soutiennent ces lois qui, selon eux, sont de nature à réaliser "un bond qualitatif" en matière de pratique démocratique en Algérie, d'autres estiment, toutefois, qu'elles ont été vidées de leur substance, appelant, à cet effet, le président de la République à intervenir pour "combler" les lacunes qu'elles renferment à travers une deuxième lecture. Les lois adoptées récemment par l'APN sont le fruit des consultations politiques auxquelles avaient pris part la classe politique, la société civile ainsi que des personnalités nationales, a déclaré à l'APS le chargé de l'Information du parti de Front de libération nationale (FLN), Aïssa Kassa, précisant que pour le FLN elles constituent également "une soupape de sécurité pour la démocratie en Algérie". Concernant ceux qui appellent le président de la République à intervenir à travers une deuxième lecture de ces lois, M. Kassa a souligné qu'ils "n'ont pas de culture juridique", car une deuxième lecture ne saurait se faire avant l'adoption de ces lois par le conseil de la Nation et l'épuisement de toutes les moyens juridiques en la matière, rappelant que ceux-là "ont toujours été contre les réformes". Pour sa part, le porte-parole du Rassemblement national démocratique (RND), Miloud Chorfi a estimé que ces lois "sont susceptibles de donner une nouvelle impulsion à la vie politique et associative ainsi qu'a la pratique pluraliste", avant d'ajouter qu'elles "viennent compléter le processus de réforme national engagé depuis les années 90 et renforcer le processus de redressement national en Algérie". Selon M. Chorfi, ce sont les députés de l'opposition qui "ont tenté de vider ces lois de leur substance, à travers la proposition de près de 596 amendements dont certains sont en deçà du niveau requis", affirmant que ces lois ont été adoptées à la majorité au parlement. Il s'agit, a-t-il dit, des députés du RND, du FLN et du groupe des indépendants, ainsi qu'une aile du Front national algérien (FNA). M. Chorfi a, en outre, appelé à "placer les aspirations des générations montantes au-dessus de tout intérêt partisan", soulignant l'impératif "de faire preuve de responsabilité et de ne pas verser dans les calculs politiques étriqués". Pour sa part, le mouvement de la société pour la paix (MSP) a invité le président de la République "à intervenir pour sauver les lois sur les réformes qui ont été vidées de leur contenu", précisant que dans leur mouture actuelle ces lois "auront un impact négatif sur les prochaines échéances". Les réformes actuelles "ne répondent pas" aux critères souhaités par le MSP car "étant en deçà des aspirations du peuple, à la lumière des mutations sur les plans international et régional", a ajouté le MSP par la voix de son chargé de l'Information, Mohamed Djemaa. Pour Ramdane Taazibt, membre dirigeant du parti des Travailleurs (PT), les articles positifs de ces lois "ont été vidées de leur substance", ajoutant que l'APN aurait dû "d'abord combler les lacunes". Il a, dans ce sens, réaffirmé la position de sa formation qui estime qu'"il aurait été préférable de procéder d'abord à une révision de la constitution par une assemblée constituante avant la promulgation des lois", soulignant que les textes de lois adoptés par l'APN "seront révisés par le prochain parlement car le parlement actuel n'a pas de légitimité". Quant au président du FNA, Moussa Touati, il estimé que "la révision de la constitution doit précéder la promulgation de lois organiques, dont la teneur est inspirée de la constitution elle-même". Ces lois sont "nulles et non avenues et n'expriment pas l'opinion de la majorité écrasante du peuple algérien", a-t-il fait remarquer. Le chargé de l'Information du mouvement Ennahda, Mohamed Hadibi a de son côté, plaidé pour la nécessité "de geler les lois adoptées récemment par l'APN dans le cadre des réformes politiques et de se diriger vers des législatives libres et régulières". "L'amendement de ces lois importantes relève des prérogatives du prochain parlement", a-t-il souligné, déplorant la non validation de 120 amendements proposés par son parti. Par ailleurs, le premier secrétaire du FFS, Ali Laskri a indiqué que les lois sur les réformes politiques "empêchent, dans leur mouture actuelle, tout changement démocratique en Algérie".