Le président du MSP, Abou Djerra Soltani, s'impatiente de voir les réformes promises se matérialiser. À cet effet, il presse le président de la République de les lancer. Lors d'un point de presse tenu, hier, au siège du parti, Soltani n'a pas caché son irritation quant à la lenteur qu'enregistre le gouvernement à mettre en œuvre les engagements du président de la République. “Quatre mois ont passé depuis le discours d'espoir du président Bouteflika pour entamer des réformes politiques, et les mesures techniques sont toujours au stade des concertations”, regrette M. Soltani.Pour le président du MSP, la “guerre” des réformes n'est pas moins dangereuse que celle de la tragédie nationale. “Cerner les réformes dans les volets techniques et législatifs pour entamer les échéances électorales de 2012 avant la révision de la Constitution est une fuite en avant. Cette manière de faire pourrait faire des réformes un non-événement”, met en garde Soltani. Selon lui, les lois sur les communes, l'élection présidentielle ou les partis politiques ne peuvent être à la hauteur des ambitions et attentes du peuple que dans le seul cas où la Constitution elle-même serait révisée en profondeur. Pour lui, la révision de la Constitution donnera une “vision claire” sur la manière dont le pays sera géré. Abou Djerra Soltani a également évoqué le projet de loi électorale qu'il juge “en deçà” des attentes. “La copie que nous avons reçue concernant la loi sur les élections ne répond pas aux recommandations du Président. D'après les experts qui ont étudié le document, les textes proposent des réformes techniques et non politiques. Nous demandons une réforme globale. Les moutures contiennent beaucoup de renvois aux textes d'application, ce qui vide la loi de sa substance. Pour cette raison, nous demandons que la commission des élections soit placée sous l'égide de la justice. Ajoutons à cela le fait que l'administration peut émettre un droit de réserve sur les listes électorales des partis”, note-t-il. “Nous demandons que l'administration élève le niveau des réformes. Et nous mettons en garde les responsables : nous pourrions refuser ces réformes car nous ne pouvons plus accepter la médiocrité”, menace-t-il. “L'administration algérienne s'est habituée à la politique du copier-coller. Je ne parle pas que du ministère de l'Intérieur ; celui des Finances fonctionne de la même manière. Certaines parties sont incapables de suivre les réformes exigées par le Président ; elles devraient se retirer de la compétition”, lâche-t-il. Pour Abou Djerra Soltani, le gouvernement marche à deux vitesses. “Il y a un paradoxe entre les déclarations du Président et celle de l'administration. Le Président parle du renouveau national et de la démocratie parlementaire mais dans les faits, l'administration impose des quotas”, explique-t-il. Concernant les concertations politiques entamées il y a quelques mois, là aussi, le président du MSP s'interroge sur leurs résultats. “Nous n'avons toujours pas eu le rapport final des concertations politiques du mois de juin dernier. Plus de 250 parties ont été entendues mais aucun résultat n'est publié”, soulève-t-il. Ainsi, après avoir fait une topographie de l'état “d'avancement” des réformes politiques dans le pays, le président du MSP propose “la mise en place d'un système parlementaire, le passage aux normes internationales réglant les réformes politiques, la loi sur les partis politiques et la loi électorale”, souligne le président du MSP.