ALGER - Les questions liées aux violations des droits de l'homme et au pillage des ressources naturelles au Sahara occidental ont marqué le débat autour du conflit sahraoui en 2011, une année qui s'achève avec des conquêtes sur le front diplomatique pour le peuple sahraoui. L'onde de choc de la répression marocaine du camp de Gdeim Izik, installé par les Sahraouis à quelques kilomètres d'El-Ayoun (capitale sahraouie occupée), en novembre 2010, qui a suscité l'indignation de la communauté internationale, et les atteintes incessantes aux droits de l'homme ont fait réagir le Congrès américain. Ainsi, la récente décision du Congrès américain conditionnant l'aide militaire au Maroc au préalable du respect des droits de l'Homme, de la libre circulation des journalistes et des représentants des organisations humanitaires au Sahara occidental, a été qualifiée d"'historique" par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, et de nombreux observateurs, d'autant plus qu'elle a coïncidé avec la tenue du 13e congrès du Front Polisario. Avant que cette loi ne soit votée au congrès américain, la question du respect des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés avait occupé une place importante dans les débats suscités aux Etats-Unis par la répression qui s'était abattue sur la résistance populaire pacifique des villes sahraouies. L'organisation américaine Human Rights Watch avait publié à New York, vers la fin de l'année 2010, un rapport accablant sur l'attaque des forces marocaines contre le camp sahraoui de Gdeim Izik, à l'issue d'une enquête menée sur les violations des droits de l'homme lors et après le démantèlement de ce camp. Ce rapport fut suivi d'un autre rapport accablant, publié le 16 mars 2011, par le Centre de recherche du Congrès américain, dénonçant la violation des droits de l'homme des Sahraouis par le Maroc et évoquant des mesures prises par les deux institutions parlementaires américaines pour contraindre ce pays à respecter ces droits dans les territoires occupés du Sahara occidental. Cet organisme du Parlement américain avait rapporté, dans son document, destiné aux membres de la Chambre des représentants et du Sénat, les exactions commises contre les Sahraouis ainsi que les mesures coercitives à l'endroit des organisations internationales des droits de l'homme et les médias qui traitent de cette question. Le département d'Etat américain avait confirmé, le10 avril 2011, les violations des droits de l'homme commises par le Maroc au Sahara occidental, tout en relevant que le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination) continuait d'être privé du mécanisme de surveillance de ces droits. Le Parlement européen avait affiché une attitude similaire, en adoptant, vers la fin de l'année 2010, à Strasbourg, une résolution condamnant, pour la première fois, les violences dans les territoires occupés du Sahara occidental. Ces revers à la politique d'occupation marocaine au Sahara occidental eurent des répercussions sur le cours des événements, faisant que, pour la première fois, des militants sahraouis des territoires occupés, au nombre de 54, purent participer au congrès du Front Polisario à Tifariti, une localité située dans les territoires sahraouis libérés. L'autre revers, qualifié de "victoire diplomatique majeure", pour la politique expansionniste marocaine, fut infligé par le Parlement européen, à travers son refus, annoncé au cours du mois de décembre, de prolonger l'accord de pêche avec le Maroc, du fait qu'il englobe les eaux territoriales du Sahara occidental. Par ailleurs, la question du Sahara occidental a été au centre des préoccupations de la communauté internationale, en recevant, encore une fois, l'appui de l'Assemblée générale de l'ONU et du Conseil de sécurité qui ont réaffirmé, au cours de cette année, la solution permettant l'autodétermination du peuple sahraoui. Dans sa dernière résolution sur cette question, l'Assemblée générale de l'ONU a soutenu le processus de négociation initié par le du Conseil de sécurité depuis 2007 en vue de parvenir à "une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental". Cette solution politique a été clarifiée par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a souligné que si l'on aboutissait à un statut final à travers lequel la population sahraouie n'aura pas exprimé ses vues clairement et de manière convaincante," on risque de créer de nouvelles tensions au Sahara occidental et dans la région". Le Conseil de sécurité a avalisé, de son côté, une résolution dans laquelle il a réitéré son engagement à aider les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à parvenir à une solution qui permette l'autodétermination du peuple sahraoui. Mais la victoire particulière obtenue par le Front Polisario dans cette dernière résolution du Conseil de sécurité est que pour la première fois, cet organe de décision de l'ONU a, sans équivoque, appelé le Maroc, en tant que force occupante, à respecter les droits de l'homme du peuple sahraoui, et ce, après des années de négligence de cette question en raison de l'opposition d'un membre du Conseil de sécurité. L'évolution affichée par le Parti populaire espagnol (PP-au pouvoir), envers la question sahraouie, va dans le sens du vœu des Sahraouis qui n'ont pas cessé d'interpeller l'Espagne sur sa responsabilité historique en tant qu'ancienne puissance coloniale au Sahara occidental. Ainsi, le PP a annoncé dans son programme politique son soutien au processus de négociations entre le Maroc et le Front Polisario en vue de parvenir à une solution conforme aux résolutions du Conseil de sécurité garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est dans ce contexte, marqué par de francs succès sur les plans des droits de l'homme et de la diplomatie, que le Front Polisario a tenu ses assises à Tifariti, du 15 au 23 décembre, un congrès qui a vu la réélection de Mohamed Abdelaziz à la tête du Front.