TUNIS - L'année 2011 en Tunisie a été celle du soulèvement populaire contre le régime du président déchu Zine El Abidine Ben Ali qui a permis au pays d'amorcer une nouvelle ère, celle de la transition démocratique. Ce soulèvement populaire a été déclenché par la mort du jeune Mohammed Bouazizi, qui s'était immolé à Sidi Bouzid pour protester contre le chômage et la cherté de la vie. Les affrontements sanglants et violents qui avaient alors éclaté, à la suite de ce drame, entre les citoyens et les forces de l'ordre avaient fait, selon l'ONU, 300 morts et des centaines de blessés et contraint le président déchu Zine El Abidine Ben Ali, le 14 janvier, à quitter le pouvoir et à fuir son pays en direction de l'Arabie Saoudite. Les protestations contre le chômage, la pauvreté et la cherté de la vie, à l'origine purement sociales, se sont vite transformées en revendications politiques visant un changement radical du régime et appelant à une nouvelle ère de démocratie et d'alternance au pouvoir, à la consécration des libertés fondamentales individuelles et collectives et au respect des droits de l'homme. Selon les observateurs, ces évènements ont révélé l'échec de la politique de développement adoptée par l'ancien régime notamment au niveau des régions les plus défavorisées de l'intérieur du pays. 80% des entreprises et de projets économiques et de services sont regroupés dans les régions du littoral alors que celles de l'intérieur ne bénéficient que de 20% de ces entreprises. Conformément à la Constitution, l'intérim de la présidence de la république a été assuré, après le départ du président Ben Ali, par le président de la chambre des députés, Fouad Mebazaa. Après dissolution du parlement et gel de la Constitution de 1959, les partis politiques ont convenu de préparer l'étape de transition et de confier la gestion des affaires courantes du pays à un gouvernement intérimaire en attendant l'élection d'une Assemblée constituante qui sera chargée de rédiger une nouvelle constitution. Les autorités publiques avaient dans ce contexte accordé l'agrément à des dizaines de partis interdits à l'époque de l'ancien président déchu, Zine El Abidine Ben Ali dont le mouvement Islamiste "Ennahdha" dirigé par cheikh Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République dirigé par Moncef El Marouzki. Le parti du président déchu, le Rassemblement Constitutionnel Démocratique (RCD), a été, quant à lui, dissout. Après l'adoption des lois relatives aux élections, aux partis et à l'information par la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution et de la transition démocratique, les électeurs se sont rendus aux urnes, le 23 octobre dernier, pour élire les membres de l'Assemblée constituante dans le cadre des premières élections pluralistes démocratiques en Tunisie. Les élections ont été marquées par la victoire du mouvement Ennahda avec 89 sièges sur 217, suivi du parti du Congrès pour la République (CPR) avec 29 sièges et Ettakatol avec 20 sièges. Les trois partis vainqueurs ont décidé de constituer une Alliance pour se partager le pouvoir. Ainsi, Mustapha Bendjaafar (Ettakatol) a été élu président de l'Assemblée constituante, Moncef Marouzki (CPR) président intérimaire de la République tunisienne et Hamadi Djebali (Ennahda) au poste de Premier ministre. L'Assemblée constituante est notamment chargée de l'élaboration d'une nouvelle constitution et de l'organisation d'élections présidentielles et législatives en moins d'une année. Plusieurs défis attendent le gouvernement de Djebali. Il s'agit en l'occurrence du redressement de l'économie tunisienne qui traverse une étape critique en raison du recul des investissements locaux et étrangers, de la lutte contre le chômage (700.000 personnes sans emplois) ainsi que le rétablissement de la sécurité dans le pays pour garantir la relance de l'économie sur des bases solides.