ALGER - Les Yéménites se préparent à élire mardi un nouveau président après 33 ans sous le régime d'Ali Abdallah Saleh contraint par une révolte populaire de transférer son pouvoir à son vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi, candidat unique à ce scrutin. Quelque 12 millions d'électeurs sont appelés à se rendre dans les bureaux de vote pour cette consultation populaire, censée mettre fin à la crise politique et ouvrir une nouvelle page dans l'histoire du pays. Selon la Haute commission pour les élections et le référendum, plus de dix millions d'électeurs, dont plus de 4 millions de femmes, sont déjà inscrits sur les listes électorales. La commission a appelé toutes les personnes ayant atteint l'âge de voter et qui ne sont pas encore inscrites sur les listes électorales à participer à l'élection, en présentant leur papier d'identité. L'instance électorale a assuré que toutes les dispositions techniques, sécuritaires et juridiques ont été prises pour recevoir les électeurs et assurer le bon déroulement du scrutin. Selon cette instance, 21 commissions de suivi et plus de 29.000 commissions élémentaires vont accueillir les électeurs, y compris ceux qui ne résident pas dans leur circonscription électorale. Les opérations de vote seront encadrées par 89.892 agents de la totalité des commissions électorales, et plus de 100.000 agents de sécurité qui doivent assurer la sécurité dans les centres de vote. Le ministre yéménite de la Santé et de l'Habitat Ahmed Qassem El Ansi a affirmé que cette élection présidentielle est le meilleur moyen de répondre aux attentes de la classe politique et de la société civile. L'émissaire des Nations unies au Yémen, Jamal Benomar est en visite depuis vendredi dans la capitale yéménite Sanaa pour suivre le déroulement de l'élection. M. Benomar a appelé les Yéménites à participer au scrutin, qui va engager le Yémen dans "une transition de deux ans pour organiser un dialogue national, réécrire la Constitution et préparer des élections législatives". L'émissaire onusien s'est réjoui des préparatifs engagés par la commission électorale pour assurer le bon déroulement du vote. La commission électorale a fait "un grand pas" dans la préparation des élections et ce "dans le cadre du respect des normes internationales", a-t-il estimé. Il a également souligné la disposition des Nations unies à poursuivre leurs efforts pour aider le Yémen à organiser ce rendez-vous électoral. Cette présidentielle est prévue par l'accord signé en novembre à Ryadh (Arabie saoudite) entre le président Saleh et l'opposition sur une transition du pouvoir, qui prévoit le départ du chef de l'Etat contesté le 21 février en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches. Le 21 janvier dernier, le Parlement avait voté une loi accordant l'immunité au président Saleh et entérinant la candidature unique du vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi au scrutin présidentiel. Le nouveau président doit gérer une période de transition de deux ans afin organiser un dialogue national, impliquant toutes les composantes de la société yéménite, réécrire la Constitution et préparer des élections législatives. Le Yémen est en proie à une crise politique depuis une année qui a dégénéré en violents affrontements entre manifestants et forces de l'ordre ayant fait des centaines de morts et de blessés depuis le début de la contestation. Malgré la signature de l'accord de transfert de pouvoir, l'opposition yéménite continue toujours de manifester dans les rues pour réclamer la levée de l'immunité accordée au président. Blessé dans une attaque contre son palais à Sanaa en juin, Ali Abdallah Saleh qui se trouve aux Etats-Unis pour des soins, après avoir été hospitalisé en Arabie saoudite jusqu'en septembre, a affirmé qu'il reviendrait au pays pour participer à l'élection présidentielle. Son responsable de la communication Ahmed Al Soffi a affirmé que M. Saleh n'arrêtera pas la politique mais qu'il continuera à assurer la présidence du Congrès populaire général (parti au pouvoir). Alors que le pays se prépar à élire un successeur au président Saleh, la situation sécuritaire reste tendue et continue à se dégrader dans la région du sud où des groupes armés affiliés à Al-Qaïda s'y sont implantés, en prenant le contrôle notamment de la ville de Zinjibar, capitale de la province d'Abyane. Face à cette menace croissante pour la stabilité du Yémen, le futur président s'est engagé à poursuivre la lutte contre Al-Qaïda et à "détruire" le réseau. En visite actuellement à Sanaa, un émissaire américain, John Brennan, qui est également conseiller du président Barack Obama pour la sécurité nationale, a assuré le vice-président Hadi, du soutien de Washington face à la crise que traverse le pays.