Le sixième forum mondial de l'eau, ouvert lundi à Marseille (France) avec la participation de plus de 120 délégations ministérielles dont celle de l'Algérie, a pour thème générique "le temps des solutions" que le président du Conseil mondial de l'eau, Loic Fauchon veut faire accepter dès cette session. "On veut que cela change pour ces dizaines de milliers de gens qui n'ont pas accès à l'eau", a-t-il dit, cité par la presse marseillaise. Selon Loic Fauchon, il faut que les professionnels et les élus proposent des solutions pour mieux gérer cette ressource de plus en plus rare. "Apportez nous vos solutions, nous en ferons des engagements", a-t-il souligné, avant de préciser que pour ce forum, "la barre a été placée très haut" dans la recherche de solutions alternatives au problème de l'eau dans le monde. Se refusant à admettre que les marchés gouvernent en fait les grandes décisions planétaires concernant la gestion de l'eau dans le monde, il a souligné que dans le "forum mondial alternatif de l'eau il y aura de bonnes solutions et j'espère qu'ils viendront nous les présenter". Sur la déclaration ministérielle de ce forum et des engagements qui y seront pris, il a relevé que "le Conseil mondial de l'eau n'est pas une agence de l'ONU (à) on essaye de répandre l'idée que l'eau est une priorité". Parallèlement à ce forum mondial qui rassemble quelque 120 délégations ministérielles, dont celle de l'Algérie, se tient en fait un forum alternatif, celui des alter-mondialistes, aussi à Marseille. Leur objectif est simple : éviter que l'eau ne soit un produit de marché, faire en sorte qu'elle soit accessible à tous et au moindre coût. Pour Emmanuel Pilane, Directeur de la Fondation "France Libertés", il faut mettre la pression avant la conférence mondiale Rio+20. Il estime que les écarts des gouvernements des pays industrialisés par rapport à leurs engagements de prioriser l'accès à l'eau pour tous ont été phagocytés par la logique des marchés. "L'eau n'est plus une priorité dans l'aide au développement comme c'était le cas après le sommet de la terre en 1992 à Rio", a-t-il déploré dans des déclarations à la presse. Le forum a été en fait précédé par 12 tables rondes de haut niveau portant sur notamment l'adaptation au changement climatique, le financement des infrastructures, l'économie et la croissance verte, la mise en oeuvre d'un droit à l'eau et à l'assainissement, l'avenir du dessalement de l'eau et la promotion de la coopération sur les eaux transfrontières. Au cours du forum, sera par ailleurs lancée la 4ème édition du Rapport mondial des Nations Unies sur la mise en valeur des ressources en eau, ainsi que d'autres thèmes dont celui très attendu par les alter-mondialistes, venus en force à Marseille, de "En route vers Rio+20". L'autre grand thème inscrit à l'ordre du jour de ce Forum a trait au débat sur les politiques de stockage de l'eau (Résilience au changement climatique : quel est le rôle du stockage de l'eau ?). D'autre part, dix panels de haut niveau traiteront des questions de ''gouvernance mondiale de l'eau'', ''Eau et sécurité alimentaire'', ''L'avenir de l'eau dans le monde au-delà de 2025'', ''Faire des droits à l'AEP une réalité pour tous'' et ''Les infrastructures du secteur de l'eau, facteur du développement dans les grands pays'', ainsi que ''Rareté de l'eau dans les zones arides'' et ''Trouver de nouveaux "financements" pour l'eau et l'assainissement''. Les thèmes retenus par le Forum pour cette sixième édition ''donnent une idée assez précise sur les grands enjeux de l'eau, aussi bien politiques qu'économiques et sociaux, dans les dix prochaines années'', estime un expert africain. Une importante délégation ministérielle algérienne, conduite par le ministre des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal, et composée de responsables du secteur et des experts, participe à ce rendez-vous ou elle aura "d'intenses activités". L'Algérie participe en outre à l'exposition sur l'eau et son industrie organisée en marge du Forum. Les pays arabes devront au cours de cette rencontre présenter leur stratégie en matière de production et de préservation des ressources hydriques. Cette stratégie arabe de la sécurité hydrique est axée notamment sur la création d'une base de données sur les ressources hydriques arabes, la protection des droits hydriques arabes et la lutte contre les changements climatiques dans la région arabe, selon la Ligue arabe. Au terme de sa première session, tenue en juin 2009 à Alger, le Conseil des ministres arabes de l'eau avait adopté une stratégie globale à l'horizon 2025 pour assurer la sécurité hydrique dans la région arabe et approuvé un projet de plan exécutif, d'un coût global de 10 millions de dollars pour la rationalisation de l'utilisation des ressources en eau. Par ailleurs, les délégations du ''Sud'' sont présentes en force à cette édition du Forum.