Le Secrétaire général de l'ONU, M. Ban Ki-moon, a déclaré jeudi que pour nourrir en quantité suffisante une population mondiale en forte expansion et assurer la stabilité politique, la communauté internationale devra veiller à utiliser durablement la "ressource limitée la plus précieuse" qu'est l'eau. "Si nous n'utilisons pas l'eau de façon plus avisée dans l'agriculture, nous ne serons pas en mesure d'éliminer la faim et nous ouvrirons la porte à toute une série d'autres maux, notamment la sécheresse, la famine et l'instabilité politique", a mis en garde M. Ban à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau célébrée le 22 mars. Dans de nombreuses régions du monde, l'eau se fait de plus en plus rare et les taux de croissance de la production agricole souffrent d'un ralentissement, a-t-il fait remarquer. Parallèlement, le changement climatique exacerbe les risques et l'imprévisibilité pour les agriculteurs, "en particulier pour les paysans pauvres des pays à faible revenu, qui sont les plus vulnérables et les moins à même de pouvoir s'adapter", a-t-il ajouté. Estimant que '"l'eau jouera un rôle central dans la création du futur que nous souhaitons", M. Ban a avancé qu'au prochain Sommet de la Terre Rio+20, la communauté internationale devra faire les liens entre la sécurité hydrique et la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans le cadre d'une économie verte. L'ONU estime que 1,3 milliard de tonnes de nourriture sont gaspillées chaque année. Si l'on réduisait de 50% les pertes et le gaspillage alimentaires à l'échelle mondiale, on économiserait 1.350 km3 d'eau par an. Actuellement, quelque 1,6 milliard de personnes vivent dans des pays ou régions victimes de pénuries d'eau absolues, et les deux tiers de la population mondiale pourraient être exposés à des conditions de stress hydrique d'ici 2025, selon les services onusiens. Si un être humain consomme en moyenne 2 à 4 litres d'eau par jour, il faut de 2.000 à 5.000 litres pour produire la nourriture quotidienne d'une seule personne. De fait, l'agriculture est responsable de 70% de tous les prélèvements mondiaux d'eau douce et d'eaux souterraines. La raison de cette énorme empreinte hydrique est pourtant claire : l'irrigation permet aux agriculteurs de produire davantage de nourriture. L'agriculture irriguée couvre seulement 20% des terres cultivées de la terre, mais assure 40% de la production vivrière. Par ailleurs, la Rapporteuse spéciale des Nations unies pour le droit à l'eau et à l'assainissement, Catarina de Albuquerque, a exhorté les pays à ne pas revenir sur leur décision de reconnaître le droit à l'eau et à l'assainissement pour tous, mais plutôt à agir pour faire en sorte que ce droit soit respecté. "Certains pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, proposent apparemment de supprimer la référence explicite au droit à l'accès à l'eau et à l'assainissement pour tous de la première version du document final de la Conférence ''Rio+20'' sur le développement durable", a-t-elle fait savoir. "Ces pays perdent leur temps à vouloir renégocier leurs propres décisions plutôt qu'à avancer dans la mise en oeuvre du droit à l'eau et à l'assainissement", a soutenu Mme de Albuquerque. A ce propos, elle a souligne qu'il n'était pas question d'oublier "les milliards de personnes qui n'ont toujours pas accès à un approvisionnement en eau et à un assainissement sûrs".