Cette présente contribution est une brève synthèse réactualisée de ma réponse à la tribune parue dans la revue internationale «Le Pont des idées» – ParisFrance, le 23 janvier 2023, au point de vue de Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, publié dans le Figaro du 8/1/2023. Dans une vision de sinistrose vous annoncez une déflagration de la société algérienne, une rupture des relations algéro-françaises et d'une manière générale avec l'Occident. Ces propos, en souhaitant que tant les médias français que les médias algériens ne tombent pas dans ce piège en contribuant à la haine, a pour objectif d'accroître les tensions entre l'Algérie et la France, alors que des deux côtés de la Méditerranée , les responsables de nos deux pays peuvent contribuer à des relations apaisées surtout en ces moments de fortes tensions géostratégiques, impliquant un co-développement global fondé sur la tolérance et le dialogue productif, la lutte contre le réchauffement climatique avec la crise alimentaire et celle de l'eau, qui menace l'humanité, et c'est là qu'est le principal danger dont les flux migratoires, en rappelant pour l'Afrique que selon l'ONU 80% sont des flux intra-africains. Selon mes informations vos propos n'engagent que votre personne, la majorité de la population algérienne, et même une fraction de l'Etat français, et de nombreuses personnalités et experts étrangers ne partagent pas votre vision, mais certains lobbys nostalgiques de l'époque coloniale, ne voulant pas d'une relation apaisée entre l'Algérie et la France. L'Algérie est considérée par la communauté internationale, USA ,Chine, Inde, Russie, Europe pour ne citer que les principaux acteurs, comme un acteur stratégique de la stabilité de l'espace euro-méditerranéen et du continent Afrique. Elle est loin de l'explosion que vous annoncez, La faiblesse de l'économie mondiale selon les institutions internationales FMI, Banque mondiale, OCDE, a un impact sur tous les pays sans expression, donc sur l'économie algérienne et donc cette crise ne touche pas seulement l'Algérie comme en témoignent les remous sociaux dans le monde. Avec un monde interdépendant, l'Algérie, comme la France, ne pouvant être isolée des nouvelles mutations mondiales, pour 2025/2030/2040. Tout dépendra des perspectives de la résolution ou pas des tensions géostratégiques actuelles et du nouveau modèle de la croissance qui devra être orienté vers les industries de l'avenir, la transition numérique et énergétique. Chaque pays est souverain, ayant ses propres exigences, défendant ses intérêts propres, n'existant pas dans les relations internationales des sentiments mais que des intérêts et certains propos de leçons pas seulement envers l'Algérie mais envers l'Afrique expliquent le sentiment anti-français au niveau de ce continent. Aujourd'hui, la majorité des algériens dont les centres de décisions au plus haut niveau de l'Etat sont conscients que s'impose une analyse objective sur la situation actuelle et les perspectives de l'économie algérienne, afin de ne pas renouveler les erreurs du passé impliquant de profondes réformes structurelles et la moralisation de la Cité, condition pour asseoir une économie hors hydrocarbures dans un cadre concurrentiel. Aussi, de nombreux défis attendent l'Algérie et c'est à quoi ont répondu plusieurs de mes contributions parues au niveau international en Europe et aux USA, et au niveau local entre 2000 et 2024. L'Algérie a certes un cadre macro financier stabilité 60 milliards de dollars de réserves de change, une dette extérieure 1,6% du PIB mais des taux d'inflation et de chômage relativement élevé. L'obstacle majeur est le cancer bureaucratique et pour relancer l'économie algérienne , il faut s'attaquer à l'écosystème. L'économie algérienne comme je l'ai souvent rappelé est tributaire à 98% de ses recettes en devises, avec les dérivées des hydrocarbures comptabilisés dans la rubrique hors hydrocarbures et à plus de 85% d'importation des matières premières et équipements des entreprises qu'elles soient publiques ou privées dont le taux d'intégration en 2022 ne dépasse pas 15%. L'Algérie peut surmonter le blocage actuel grâce à une nouvelle gouvernance, la valorisation du savoir et un langage de vérité, ni sinistrose, ni autosatisfaction, seule condition pour un retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n'est possible. L'Algérie, devra concilier l'efficacité économique et la cohésion sociale, le versements de salaires sans contreparties productives étant source d'inflation et suicidaire à terme, ayant besoin d'un taux de croissance réel de 8/9% par an afin de pouvoir absorber le flux annuel de demande d'emplois d'environ 350 000 par an, des emplois créateurs de valeur ajoutée et non des emplois de rente, qui s'ajoute au taux de chômage actuel. En résumé, l'avenir – et cela s'applique à tous les pays sans exception – de l'Algérie dépendra avant tout des Algériens. Depuis de longues années, je suis convaincu, avec de nombreux hommes politiques, intellectuels de différentes sensibilités et nationalités, que s'impose la tolérance loin de la culture de la haine. L'ère des confrontations n'a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d'exclusion. Connaître l'Autre, c'est aller vers lui, c'est le comprendre, mieux le connaître et ce afin de favoriser le dialogue de civilisations. Malgré le drame auquel nous assistons actuellement au Moyen-Orient, mais n'oublions pas les nombreux conflits dans d'autres contrées du monde ( exemple la famine qui guette le Soudan) l'histoire millénaire a montré que la symbiose des apports du monde musulman et de l'Occident – Islam, Judaïsme et Christianisme et toutes les autres religions comme le Bouddhisme, pour ne citer que ces grandes religions monothéistes ont favorisé le dialogue des cultures et des civilisations avec des prospérités et des déclins, montrant qu'aucune civilisation n 'est supérieure à une autre. L'on doit respecter toute croyance de chacun ce qui permettra d'éviter ces chocs de civilisations préjudiciables à l'avenir de l'humanité. Le devenir d'un monde multipolaire, conditionne largement la réussite de cette grande entreprise de cohabitation entre les peuples, qui interpelle notre conscience commune. Le repli sur soi serait préjudiciable à notre prospérité commune et engendrerait d'inéluctables tensions économiques, politiques, sociales et culturelles. Pour terminer, je citerai Voltaire : « Monsieur je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai de toutes mes forces pour que vous puissiez toujours le dire. ». Et une des plus illustre philosophe allemande qui a marqué le XXe siècle, Hannah Arendt pour qui « la liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie ». Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités Docteur d'Etat en sciences économiques