Des citoyens de tout âge, des moudjahidine et des personnalités politiques se sont déplacés au palais du peuple jeudi après-midi pour rendre un dernier hommage au premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, décédé mercredi à l'âge de 96 ans. Des groupes de jeunes lycéens et d'étudiants, des femmes âgées et moins âgées, de simples citoyens et des moudjahidine dont certains ont connu le défunt, ainsi que des représentants de partis politiques ont afflué au palais du peuple pour réciter la fatiha du Saint Coran à la mémoire de celui qui restera "un symbole" du sacrifice pour l'indépendance de l'Algérie, selon des témoignages. Certains n'ont pu retenir leurs larmes devant la dépouille mortelle, drapée de l'emblème national, au milieu d'une grande salle ou le récit du Coran rajoutait solennité à l'ambiance. Venu à son tour rendre un dernier hommage à Ben Bella, Monseigneur Henri Teissier, ancien archevêque d'Alger a dit se rappeler "des moments où le défunt a été capturé par la France, avant l'indépendance de l'Algérie, dès son arrivée à Alger en septembre 1962". L'ancien archevêque a également évoqué "des grandes décisions" prises par le premier président algérien, "en particulier la nationalisation de ce qui restait des terres des colons". Il a aussi dit garder du défunt, le souvenir d'un président "humble et populaire", et le souvenir "des moments où il assistait à des débats de films comme un simple citoyen". Pour sa part, le premier directeur de la radio nationale, Abdelkader Nour a souligné que Ben Bella est un "symbole" de la révolution algérienne qu'il a personnellement connu en novembre 1954. M. Nour a indiqué avoir rejoint les rangs du Front de libération nationale grâce au défunt qui l'a chargé de sensibiliser les étudiants algériens au Caire afin qu'ils rejoignent le maquis. Pour lui, au-delà du symbole, Ben Bella était une "pyramide" qui a donné l'exemple du sacrifice. Le président du Mouvement Ennahda, Fateh Rabei, a également estimé que l'Algérie vient de perdre un de ses plus "valeureux symbole", et un "grand moudjahid qui s'est sacrifié pour l'indépendance du pays en donnant à la France coloniale une leçon du sacrifice". Pour Rabei, la mort de Ben Bella est "une perte pour tout le monde arabe et pour l'Afrique qui vient de perdre un de ses sages". Plusieurs citoyens ont rendu un dernier hommage à celui dont "le nom évoque tous les sacrifices du peuple algérien pendant la colonisation, mais aussi un parcours particulier d'un éminent combattant pour la liberté". Pour d'autres, le nom du défunt est "une référence qui évoque en premier les jours de liesses de l'indépendance en même temps que les souffrances et les sacrifices endurés par le peuple avant sa libération du joug colonial". Une veillée funèbre à laquelle seront présents des membres de la famille du défunt est organisée au palais du peuple ce jeudi soir, en attendant les obsèques qui auront lieu demain après la prière du vendredi au carré des martyrs au cimetière El-Alia à Alger.