Un rassemblement contre la répression infligée aux populations sahraouies et pour l'extension du mandat de la Minurso s'est tenu samedi à Paris à l'appel de l'Association de la communauté sahraouie en France (ACSF), avec le soutien de la Plateforme pour la solidarité avec le peuple du Sahara occidental, regroupant 27 associations. Rassemblés sur le parvis des droits de l'homme, place Trocadéro, les manifestants brandissaient des banderoles sur lesquelles on pouvait notamment lire : "Sahara Occidental : dernière colonie d'Afrique, le Maroc coupable" et "Assez de répression au Sahara Occidental". "Sahara massacré, Minurso sans pitié", "Une seule solution : arrêter l'occupation", scandaient les participants au rassemblement, organisé dans le cadre de la Journée internationale de mobilisation en direction de l'Onu et intervenant à quelques jours d'une nouvelle résolution sur le Sahara occidental que le Conseil de sécurité de l'Onu devrait adopter fin avril et prolonger le mandat de la Mission des Nations Unies au Sahara occidental (Minurso). Pour le représentant du Front Polisario à Paris, Omar Mansour, cette mobilisation associative vise trois objectifs : insister sur la nécessité du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, demander l'extension des prérogatives de la Minurso à la protection des droits de l'homme au Sahara Occidental et d'exiger la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis. "Le Maroc prétend respecter les droits de l'homme au Sahara Occidental, alors que, durant toutes ces années d'occupation, la répression des Sahraouis est allée crescendo et leur liberté de mouvement et d'association est limitée", a-t-il indiqué à l'APS, appelant à doter la Minurso de "pouvoirs lui permettant d'observer tout dépassement des droits de l'homme et en informer les Nations Unies". Le Secrétaire général de l'ONU avait affirmé, mardi dernier, que la Minurso éprouvait des difficultés pour exercer ses missions, tout en faisant état de rapports sur les violations des droits de l'homme des Sahraouis par les autorités marocaines. Ces observations ont été formulées par le chef de l'ONU dans son dernier rapport sur le Sahara occidental qu'il a soumis au Conseil de sécurité lequel devrait l'examiner le 17 avril en cours avant l'adoption d'une résolution. Aux yeux de M. Mansour, l'extension réclamée des prérogatives de la Minurso "ne se limiterait pas aux seuls territoires occupés". "Nous sommes prêts à la recevoir dans les territoires libérés et ouvrir les camps des réfugiés pour que les observateurs onusiens puissent librement exercer leurs prérogatives", a-t-il dit. Pour Jean-Paul Le Marec, membre influent de la Plateforme pour la solidarité avec le peuple sahraoui, qui regroupe 27 associations, la manifestation de Paris et celles prévues dans d'autres grandes villes de la France ont pour objectif "non seulement de rappeler le droit des Sahraouis à l'autodétermination, mais aussi de proposer l'extension du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme et à la protection de la population sahraouie des territoires occupés". "La mobilisation doit continuer par rapport à la position complice avec le Maroc du gouvernement actuel, mais aussi par rapport à un autre gouvernement si jamais (François) Hollande est élu", a-t-il affirmé, se disant "inquiet" de la déclaration de la première secrétaire du Parti socialiste faite récemment au Maroc, selon laquelle elle aurait "appuyé la solution d'autonomie prônée par le Maroc". En plus de Sahraouis et de membres associatifs, étaient également présents à la manifestation des représentants de partis politiques français, venus apporter leur soutien à la cause sahraouie. Le spécialiste du débat international au parti communiste français (PCF), Patrick Margaté, a réitéré, pour sa part, le soutien de sa formation politique à l'exigence des Sahraouis à ce que la mission de la Minurso soit étendue à la surveillance des droits humains et à la protection de la population sahraouie dans les territoires occupés. "Au-delà de cette question qui est la plus urgente, il faudrait absolument que le Conseil de sécurité de l'Onu prenne les mesures maintenant pour tenir ses propres résolutions notamment celle de la tenue d'un référendum pour laisser au peuple sahraoui de choisir son avenir", a-t-il indiqué, estimant que l'Onu a, jusque-là, fait preuve d'"atermoiements". "On ne peut que regretter, à ce égard, l'attitude des autorités françaises qui participent d'une manière honteuse pour notre pays à bloquer tout le processus décidé par l'Onu de mise en £uvre des décisions pour le droit à l'autodétermination" du peuple sahraoui, a déploré le responsable communiste. Un élu d'Europe Ecologie les Verts dans le Val De Marne, Mehdi Belabès, a, de son côté, affirmé que la solidarité de son parti avec le peuple sahraoui est "indéfectible quel que soit le contexte". Tout en relevant le "peu d'écho" réservé dans les médias français à ce qui se passe au Sahara Occidental, il a fustigé la France officielle qui "campe sur une position de soutien au royaume chérifien". "Il faudrait une transformation en profondeur de la politique française peut-être avec les changements à venir avec l'élection présidentielle du 22 avril qui pourrait infléchir la politique étrangère de la France sur la question sahraouie pour faire valoir le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination", a-t-il soutenu. La Minurso est dans les territoires sahraouis occupés depuis 1991 pour l'organisation du référendum qui devait avoir lieu en 1992. Vingt ans plus tard, le peuple sahraoui n'a toujours pas pu exercer son droit à l'autodétermination pourtant reconnu par les résolutions des Nations-Unies.