Des associations et partis politiques français se sont rassemblés mercredi après-midi devant l'Assemblée nationale française pour dénoncer le soutien de Paris à la politique coloniale du Maroc dans ses divers volets répressifs au Sahara Occidental. A l'appel d'associations militant pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, soutenues par des partis politiques, les manifestants ont exigé la "levée du blocage" de la France à l'élargissement des prérogatives de la mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso) relatives à la question des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés. Les manifestants ont aussi dénoncé le gouvernement français qui "continue de soutenir le pouvoir marocain qui viole les droits de l'Homme, réprime la presse et occupe illégalement le Sahara occidental". Ils ont rappelé, dans des déclarations distribuées à l'occasion, que depuis l'assaut meurtrier des forces d'occupation marocaines, le 8 novembre 2011, contre le camp de Gdeim Izik (près d'El Ayoun), les manifestations se succèdent dans les territoires occupés, notamment à l'initiative des familles de prisonniers politiques sahraouis. "Ces manifestations, toujours pacifiques, sont réprimées, avec de nombreux blessés et de nouvelles arrestations. Un camp de protestation de Sahraouis à Akindelf a été démantelé le 26 mars, une manifestation d'étudiants sahraouis, soutenus par des étudiants marocains, à Marrakech, a été violemment réprimée le 27 mars", a déploré un représentant des Amis de la RASD, Jean-Paul Le Marec. De sources officielles sahraouies, plus de 150 militants sahraouis sont détenus. 20 d'entre eux, pour la plupart responsables d'associations sahraouies des droits de l'homme, sont poursuivis devant le tribunal militaire et risquent de lourdes peines de prison. Certains sont en isolement total, sans journaux, ni radio, ni livres, ni courrier. D'ici fin avril, le Conseil de sécurité des Nations unies doit adopter une nouvelle résolution sur le Sahara occidental. De nombreux gouvernements et associations des droits de l'Homme, comme Amnesty international, demandent l'extension du mandat de la Minurso à la protection des droits de l'Homme au Sahara occidental. Les manifestants réclamaient, par ailleurs, la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis, l'arrêt de la répression, le respect des droits de l'Homme, le respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, ainsi que l'interdiction de la prospection, l'exploitation et l'importation des ressources naturelles du Sahara occidental jusqu'à la solution du problème. Pour le député-maire Jean-Paul Lecoq, le rassemblement est un moment important pour "réveiller les consciences des hommes et femmes politiques de France", vis-à-vis de la question sahraouie. "A l'Assemblée nationale, quand on demande la création d'un groupe d'étude sur la Sahara occidental (à) la commission des affaires étrangères avalise, mais la présidence s'y oppose", a regretté le député communiste, précisant que "la pression du lobby marocain intervient entre-temps pour que la France ne change pas son attitude alignée" sur les thèses du Maroc.