Une liste des 4.300 signataires de la pétition "Halte à la répression sanglante au Sahara occidental" a été remise samedi au ministère français des Affaires étrangères, a-t-on appris des initiateurs de cette pétition. Une délégation, composée de présidents d'associations de soutien au peuple sahraoui, a été reçue par Cyrille Rogeau, responsable de la sous-direction Afrique du Nord au ministère français des Affaires étrangères, qui a exprimé son "intérêt" pour le dossier remis, comprenant outre cette liste, les rapports des observateurs aux procès de militants sahraouis détenus, les communiqués d'associations internationales des droits de l'homme (Amnesty International, Human Rights Watch) ainsi que le témoignage "bouleversant" de Claude Mangin qui n'a pu voir son mari Ennaâma Asfari que cinq minutes au parloir de la prison de Salé, ont précisé à l'APS les membres des associations. Celles-ci ont exprimé leur "étonnement" que le Conseil de sécurité de l'Onu "n'eut pas jugé utile d'envoyer une mission d'enquête internationale indépendante malgré la gravité des événements". Après avoir pris acte "avec satisfaction" que des responsables l'ambassade de France au Maroc, en collaboration avec celle de Grande-Bretagne, se rendraient dans les territoires occupés du Sahara occidental, la délégation a insisté auprès du ministère pour que des contacts soient pris avec les associations sahraouies, ont-elles relevé. Après avoir "salué la résistance du peuple sahraoui" face à l'occupation et qui "a su inventer des formes pacifiques de protestation dans un contexte très difficile", la délégation a demandé au gouvernement français de tenir compte de cette nouvelle situation révélée par le "camp de la liberté", "en cessant d'apporter son soutien au plan marocain d'autonomie qui ne respecte pas le droit des Sahraouis à l'autodétermination". La délégation a également demandé au gouvernement français de "s'engager résolument aux côtés des pays qui œuvrent pour la mise en œuvre urgente du référendum d'autodétermination et pour l'extension du mandat de la Minurso, à la surveillance des droits de l'homme au Sahara occidental". Elle a aussi insisté pour que la France intervienne auprès de l'Union européenne et de l'Onu afin que "des pressions efficaces" soient exercées sur le Maroc pour "l'arrêt de la répression et le respect des droits de l'homme, la libération des prisonniers politiques sahraouis, la levée de l'Etat de siège et le libre accès des journalistes et observateurs internationaux, ainsi que l'interdiction de l'exploitation des ressources naturelles sahraouies". "On compte actuellement plus de 200 prisonniers sahraouis (dont 19 poursuivis devant le tribunal militaire) qui subissent des conditions de détention très éprouvantes, alors que des dizaines de Sahraouis dont le sort est inconnu, sont en prison, où vivent cachés pour éviter d'être arrêtés, ce qui traduit le climat de peur installé depuis le 8 novembre", déplore la délégation des associations. Alors que de nouveaux procès vont s'ouvrir, la délégation a également demandé au gouvernement français d'envoyer des observateurs et d'intervenir pour que ces procès soient "équitables et répondent aux normes internationales". "Après avoir organisé quatre manifestations à Paris en trois semaines avec le soutien de partis politiques, syndicats et associations des droits de l'homme, les associations de soutien à la cause sahraouie poursuivent leur mobilisation contre la répression dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc et pour le droit à l'autodétermination", a déclaré cette délégation au terme de l'audience au ministère. La délégation des associations françaises solidaires avec le peuple sahraoui se compose de Michèle Decaster (AFASPA), Jean-Paul Le Marec (CORELSO), Fabienne Reberioux (Association des Amis de la RASD), France Weyl (Droit Solidarité) et Brahim Sabbar, défenseur sahraoui des droits de l'homme, secrétaire général de l'ASVDH.