Le suspense n'était pas au rendez-vous avant l'annonce de la confirmation de l'Américain Jim Yong Kim à la tête de la Banque mondiale tant l'application de la règle de répartition des institutions de Brettons Woods entre Américains et Européens était certaine. Né à Séoul (Corée du sud), M. Yong Kim, dont la candidature avait été présentée par le président Barack Obama, succédera le 1er juillet prochain pour une durée de cinq ans à Robert Zoellick. Agé de 53 ans, il est le deuxième président américain de la BM né à l'étranger après James Wolfensohn, Américain d'origine australienne, qui avait dirigé l'institution de 1995 à 2005. Médecin et anthropologue de formation et président de l'université américaine de Dartmouth, le 12eme président de cette institution financière internationale est un ancien expert du sida à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et s'est consacré à la lutte contre les maladies dans les pays pauvres. En annonçant cette nomination, la BM a voulu préciser, dans son communiqué, que la sélection de son nouveau patron a, pour la première fois de son histoire, pris en considération ‘‘plusieurs candidatures'' à travers un ‘‘processus ouvert à tout ressortissant de ses pays membres'' répondant aux critères de compétence et d'expérience professionnelle. Dans l'autre détail observé dans son annonce, l'institution de Bretton Woods ne fait pas mention de consensus de son conseil d'administration mais souligne plutôt que "les candidats ont reçu le soutien de différents pays membres, ce qui reflète la stature élevée des candidats''. Ces remarques sont relevées alors qu'une règle tacite décriée par les pays en développement et instaurée dès la naissance des institutions de Bretton Woods en 1944, veut que les Etats-Unis occupent la présidence de la BM tandis que celle du FMI revient à un Européen. Jim Yong Kim était en lice avec la ministre des Finances du Nigeria, Mme Ngozi Okonjo-Iweala, qui était considérée comme la plus qualifiée pour diriger la BM si l'on se réfère uniquement aux critères exigés par la BM pour prétendre à ce poste. Pour plusieurs éditorialistes de la presse économique américaine, la particularité de Jim Yong Kim, par rapport à ses prédécesseurs, est d'avoir été choisi par le président américain en dehors de la ‘‘boite de choix'' composée habituellement de banquiers et des géants de Wall Street. Mais ils reconnaissent à la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala son parcours prestigieux sur les plans de sa formation universitaire et de son itinéraire professionnel au point où elle était considérée, objectivement, comme une ‘‘triple menace'' à son, désormais, rival compte tenu de son expérience dans le gouvernement de son pays comme ministre des Finances, dans le monde de l'économie et des finances et dans le monde en développement. En effet, diplômée de Harvard et du Massachusetts Institute of Technology (MIT), cette candidate malheureuse a été une experte chevronnée à la BM en y ayant occupé successivement les postes d'économiste, de vice-présidente et de secrétaire générale puis, de 2007 à 2011, de Directrice générale. Dans un commentaire, M. Eswar Prasad, chercheur à la Brookings Institution et ancien responsable au FMI, la nomination de Yong Kim Kim "reflète la façon dont la gouvernance mondiale reste à la traîne des nouvelles réalités économiquesö. Selon cet expert, ‘‘les marchés émergents sont de plus en plus dominants dans le commerce et la finance mondiale, mais les économies avancées continuent à maintenir leurs positions de privilège dans les grandes institutions financières internationales". La BM est la principale institution mondiale chargée de fournir une aide au développement des pays les plus pauvres. Le salaire net annuel de son président est de l'ordre de 450.000 dollars, soit près de 38.000 dollars/mois, sans compter les primes et autres avantages d'un montant annuel de 284.000 dollars.