La Banque mondiale a salué mercredi la bonne croissance économique de l'Afrique subsaharienne mais a exprimé des inquiétudes pour la région du Sahel confrontée à une grave insécurité alimentaire. Dans son rapport sur l'économie africaine publié en prévision de sa réunion de printemps avec le FMI du 20 au 22 avril à Washington, la BM a indiqué que la croissance de l'Afrique subsaharienne demeure ‘‘solide'' et devrait s'accélérer légèrement en deçà de sa croissance moyenne de 5 % d'avant la crise. Selon cette institution financière mondiale, la croissance dans cette partie de l'Afrique la rend l'une des régions en développement à la croissance la plus rapide. Plus du tiers des pays de la région ont atteint des taux de croissance d'au moins 6 %, alors que 40 % d'entre eux ont connu une croissance se situant entre 4 % et 6 %. Pour la vice-présidente de la BM pour la région africaine, Obiageli Ezekwesili, ‘‘avec les turbulences qui ont caractérisé l'économie mondiale ces cinq dernières années, bon nombre d'experts prévoyaient des perspectives vraiment mauvaises pour l'Afrique''. Or, comme le montre ce rapport, ‘‘les économies africaines continuent de prouver leur résilience, et certaines des économies à la croissance la plus rapide du monde se trouvent désormais en Afrique'', a-t-elle poursuivi. Selon elle, ‘‘la question la plus urgente à l'ordre du jour demeure la poursuite des réformes macroéconomiques en parallèle à l'accélération des réformes structurelles qui permettront d'avoir une croissance de bonne qualité, ce qui créera des emplois et augmentera les revenus sur le continent''. Toutefois, la BM observe que la crise de la dette de la zone euro et les politiques internes plus strictes dans certains grands pays en développement ont fait diminuer les exportations africaines. Concernant les investissements, la BM affirme que les flux de capitaux à destination de l'Afrique subsaharienne ont augmenté de 8 milliards de dollars pour s'élever à 48,2 milliards de dollars en 2011. Les investissements étrangers directs, qui représentent approximativement 77 % de tous les flux de capitaux de la région, ont contribué à environ 83 % de cette hausse. Les récents investissements étrangers directs dans la région ont été favorisés par une concurrence accrue pour les ressources naturelles au niveau mondial, une hausse des prix des matières premières, une croissance économique robuste et l'émergence rapide d'une classe moyenne sur le continent. Pour la BM, la région ‘‘est de plus en plus reconnue comme une destination de choix pour investir, notamment par les investisseurs privés''. L'institution de Bretton Woods constate, toutefois, que la région du Sahel est encore ‘‘confrontée à une grave insécurité alimentaire''. Des chutes de pluie inférieures à la moyenne, une mauvaise distribution des denrées alimentaires et le déplacement de familles en raison des conflits ont laissé entre 13 et 15 millions de personnes vulnérables réparties entre le Niger, le Mali, le Burkina Faso, le Tchad et la Mauritanie. La production totale de céréales dans le Sahel est d'au moins 25 % inférieure à celle de la saison précédente (2010-2011), le Tchad et la Mauritanie enregistrant même des baisses d'au moins 50 % par rapport à l'année précédente. Certains craignent que la crise alimentaire ne s'étende au Sénégal et aux régions septentrionales du Nigeria et du Cameroun. En outre, la BM note que le retour de certains émigrants qui étaient en Afrique du nord, dont la Libye notamment, et une baisse des envois de fonds des travailleurs migrants résidants dans les pays voisins ont amplifié les effets de la crise. "Le conflit actuel au Mali a également forcé des milliers de personnes à quitter leurs foyers et à se réfugier au Burkina Faso et en Mauritanie, exerçant ainsi de la pression sur les marchés des denrées alimentaires et alourdissant les contraintes au sein de communautés déjà vulnérables'', a-t-elle poursuivi. Pour Mme Ezekwesili, ‘‘la famine dans la corne de l'Afrique l'année dernière et la sécheresse dans le Sahel cette année nous rappellent cruellement que l'Afrique, le continent qui a le moins contribué aux émissions de gaz à effet de serre, sera probablement le plus touché par le changement climatique''.