L'Afrique fait plus d'affaires avec le reste du monde qu'avec elle-même. Ce postulat présenté par le dernier rapport de la Banque mondiale sur le commerce intra-africain n'apporte rien qui constitue en soi une grande nouveauté. Cependant, l'intérêt du document, intitulé «La défragmentation de l'Afrique : approfondissement de l'intégration du commerce régional des biens et services», réside dans les facteurs de cette désintégration et propose des pistes pour les pays africains afin de profiter des avantages du développement du commerce au cœur du continent. Les rédacteurs du rapport considèrent qu'à «l'heure où les dirigeants africains appellent à la création d'un espace de libre-échange d'ici 2017, les pays africains perdent des milliards de dollars en revenus commerciaux potentiels chaque année en raison d'importants obstacles nuisant à ces échanges avec leurs pays voisins». Une situation qui pourrait, selon eux, s'aggraver en 2012. A ce propos, la rapport de la Banque mondiale rejoint les analystes du FMI qui ont mis en avant les risques d'une trop grande dépendance commerciale de l'Afrique à la zone euro. L'institution de Bretton Woods précise que «la fragmentation régionale pourrait même devenir encore plus coûteuse pour le continent, les prévisions de la Banque mondiale envisageant même que le ralentissement économique dans la zone euro pourrait réduire la croissance de l'Afrique de 1,3 point de pourcentage cette année». Pour la vice-présidente de la Banque mondiale, région Afrique, Obiageli Ezekwesili, «l'Afrique n'a pas atteint son potentiel en ce qui concerne le commerce régional malgré ses retombées importantes». D'ailleurs, il est dit dans le rapport en question que la situation actuelle du commerce interafricain prive le continent noir de nouvelles sources de croissance, d'emplois et d'une opportunité de réduire la pauvreté. Dans ce sens, Mme Ezekwesili appelle les dirigeants africains à «harmoniser les politiques, le cadre institutionnel et mobiliser les investissements nécessaires pour établir un marché régional robuste à la mesure des aspirations du continent africain, de son milliard d'habitants et de son économie de 2000 milliards de dollars». Il s'agit plus précisément pour la BM, d'améliorer le commerce transfrontalier, en améliorant le professionnalisme des fonctionnaires, d'éliminer les barrières non tarifaires et réformer les règlementations qui limitent le potentiel d'échanges commerciaux transfrontaliers et d'investissements dans les services. La Banque mondiale pointe également du doigt le manque de diversification des économies africaines, lesquelles sont tributaires de la seule exportation des métaux précieux et des matières premières. Elle encourage donc les Africains à se lancer dans le commerce de biens commerciaux et services professionnels dans les domaines de la comptabilité, du droit, de l'éducation et des soins de santé, entre autres.