Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), réunis jeudi en sommet à Abidjan, ont appelé "au renforcement de l'autorité du pouvoir" au Mali, dénonçant "les velléités de comportement autocratique des éléments de la junte". Le Mali est "dans une dynamique de transition mais l'autorité du pouvoir civil doit être renforcée et affirmée", a insisté à l'ouverture du sommet le président ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. Pour sa part, le président de la commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, a dénoncé "les velléités de comportement autocratique des éléments de la junte". A la suite d'un accord conclu le 6 avril entre la Cédéao et les auteurs du putsch du 22 mars à Bamako, des autorités civiles de transition ont été installées, notamment un gouvernement formé mercredi et dirigé par le Premier ministre Cheick Modibo Diarra. Préoccupés par les crises malienne et bissau-guinéenne, les chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest ont réitéré leur réaction ferme et l'engagement "plus que jamais vitaux pour la sécurité de la sous-région". "Notre réaction ferme et l'engagement de nos alliés sont plus que jamais vitaux pour que notre sous-région ne bascule dans le terrorisme et la criminalité transnationale. (...) La sécurité de l'Europe et des Etats-Unis commence désormais au Sahel et dans le Golfe de Guinée", a alerté M. Ouattara. Ce dernier a également indiqué que le sommet de la Cédéao allait examiner les moyens d'ouvrir des "corridors humanitaires" vers le nord du Mali, qui manque de vivres et de médicaments. Cette région est depuis environ un mois sous le contrôle de rebelles et de groupes armés, contre lesquels la Cédéao a menacé d'intervenir militairement en cas d'échec du dialogue. En Guinée-Bissau, "nous ne pouvons tolérer plus longtemps cette usurpation du pouvoir par la junte" après le coup d'Etat militaire du 12 avril, a averti M. Ouattara. Les putschistes doivent "se retirer" et une transition doit "rapidement" être mise en place, a-t-il souligné. Des négociations en début de semaine à Bissau entre une mission ouest-africaine et la junte ont échoué, achoppant sur la question de la libération des anciens dirigeants détenus par l'armée, le président intérimaire Raimundo Pereira et l'ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior, et sur le rétablissement des institutions renversées. Une dizaine de présidents, dont le chef d'Etat malien de transition Dioncounda Traoré, le Burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne, et le Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, participent au sommet de la Cédéao. L'Algérie, invitée en tant que pays observateur, est représentée par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel. Le président de la commission de l'Union africaine, Jean Ping, assiste au sommet, de même que le ministre français de la Coopération Henri de Raincourt et des représentants de l'Union européenne, des Etats-Unis.