Le médiateur des Nations unies et de la Ligue arabe pour la Syrie, Kofi Annan, entame lundi une nouvelle visite dans ce pays, où des dizaines de personnes ont été tuées ce week-end lors de violences, ce qui compromet sérieusement son plan de sortie de crise, de plus en plus fragilisé par l'ampleur des violences. L'émissaire international "arrivera dans la journée à Damas où il rencontrera le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem et sera reçu mardi par le président Bachar Al-Assad", a indiqué un haut responsable syrien. Aucune information n'a été donnée sur le contenu des discussions que doit avoir l'émissaire international avec les responsables syriens. Il s'agit de la deuxième visite de Kofi Annan en Syrie depuis le début de sa mission il y a trois mois. Cette visite intervient après le massacre commis vendredi dans le village de Houla (centre), qui a fait 108 morts, dont des dizaines d'enfants. Dimanche, 87 personnes ont été tuées selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), dont 34 dans la ville de Hama, qui a été visée par une offensive des troupes gouvernementales. Plus tôt dans la journée, trois militaires ont été également tués à Alep (nord) et deux civils dans les régions de Homs et Hama.Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi avait affirmé que le gouvernement syrien avait informé M. Annan des circonstances et de la réalité de ce qui était passé à Houla. L'OSDH affirme que les victimes de Houla ont été tuées par des bombardements de l'armée syrienne, alors que Damas nie toute responsabilité et accuse des groupes armés d'être derrière cette tuerie. Le gouvernement a mis en place une Commission militaire et judiciaire conjointe pour enquêter sur l'incident dont les résultats seront publiés d'ici trois jours, avait assuré le porte-parole syrien. Selon lui, l'attaque a été lancée par des groupes armés "à bord de plusieurs pick-up chargés d'armes lourdes, dont des mortiers, des mitrailleuses, et des obus anti-char", qui se sont rassemblés à Houla. Le massacre de Houla en Syrie a été condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU qui a exigé que le gouvernement syrien "cesse immédiatement d'utiliser des armes lourdes" dans les villes syriennes rebelles et "retire immédiatement ses troupes" des villes pour les cantonner dans leurs casernes, conformément au plan de paix de Kofi Annan. Dans une déclaration adoptée à l'unanimité dimanche, les 15 membres du Conseil, y compris la Russie, alliée de la Syrie, ont notamment évoqué "une série de bombardements par les tanks et l'artillerie gouvernementale contre un quartier résidentiel". Le Conseil a également réaffirmé son soutien aux efforts de médiation de Kofi Annan, en lui demandant "de transmettre dans les termes les plus clairs (..) les exigences du Conseil" au gouvernement syrien. Lors de son intervention devant le Conseil onusien, le chef des observateurs de l'ONU en Syrie, le général Robert Mood, a affirmé qu'au moins 108 personnes ont été tuées à Houla, dont 49 enfants et sept femmes, ajoutant que les victimes ont été notamment atteintes par des éclats d'obus ou exécutées "à bout portant", selon des sources onusiennes. Malgré l'appui donné par l'ONU au plan de l'émissaire international, les efforts de M. Annan en vue de mettre fin aux violences sont confrontés aux difficultés sur le terrain, où même les observateurs déployés depuis plusieurs semaines semblent dépassés par l'ampleur des violences. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait estimé lors du dernier sommet de l'Otan tenu à Chicago que le déploiement des observateurs depuis le 12 avril a eu "un effet apaisant" mais que la violence avait continué. A l'occasion de la journée mondiale de la préservation de la paix qui sera célébrée mardi, le chef de l'ONU a rendu hommage lundi à la mission d'observation en Syrie qui, selon lui accomplit "courageusement son rôle". Après sa visite en Syrie, Kofi Annan doit rendre compte une nouvelle fois de sa médiation au Conseil mercredi.