Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères a déclaré, mardi soir à Genève, que l'Examen périodique universel (EPU) de l'Algérie, a donné lieu à ''une satisfaction quasi-générale'' sur les conditions pour lesquelles le pays a honoré les engagements auxquels il avait souscrit dans le cadre du premier cycle en 2008. ''Je crois qu'aucune délégation n'a oublié de mentionner les efforts de l'Algérie dans le domaine de la consolidation des droits de l'homme et certaines délégations, quatre-vingt au total, ne sont intervenues que pour les souligner'', a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse, animée au siège de la mission algérienne, à l'issue de la 13e session du groupe de travail sur l'Examen périodique universel (EPU). Il a cependant tenu à avancer que comme il s'agit d'un exercice critique, un certain nombre de délégations ont posé des questions et plusieurs autres ont fait des recommandations. ''Les questions qui ont été posées tournent en gros autour de deux grands thèmes. Le premier est celui des libertés, et concernent tantôt la liberté d'expression, tantôt la liberté de réunion, tantôt la liberté d'association'', a-t-il précisé à la presse algérienne, Le ministre a également indiqué que l'ensemble des délégations ont mentionné qu'il y avait des ''avancées incontestables'' dans le domaine des libertés, ajoutant que certaines ont estimé que ''nous pourrions faire davantage, notamment en ce qui concerne la loi sur les associations, que certains ont considéré comme étant un peu restrictive et peut-être encore la loi sur l'information que d'autres considèrent comme étant également perfectible''. ''Concernant la loi sur les associations, nous avons apporté des clarifications nécessaires'', a-t-il dit, soulignant qu'aujourd'hui, ce qui gêne les associations ''c'est essentiellement le fait que pour se faire financer de l'étranger, il faille satisfaire un certain nombre de conditions de transparence notamment, parce qu'il n'est pas question qu'elles puissent manipuler des fonds sans que cette manipulation ne laisse des traces''. M. Medelci a indiqué avoir expliqué cela et essayé de dissiper le doute qui existe chez certains et laisse supposer que l'Algérie ne veut pas développer le mouvement associatif. ''La meilleure preuve que nous voulons développer ce mouvement associatif, c'est qu'en une vingtaine d'années, et au moment où en 1990, il y avait zéro association, nous sommes actuellement à plus de 90 000 associations et par conséquent nous allons devoir plutôt consolider le mouvement associatif, convaincus que nous sommes, aujourd'hui plus que jamais, de la nécessité de se faire accompagner quel que soit le système politique, par la société civile ''a-t-il fait valoir. Le ministre a également précisé que le deuxième thème sur lequel des questions ont été soulevées par des délégations est celui de la femme et de l'enfant. ''Je crois que là aussi l'occasion a été belle pour l'Algérie de dire quelles ont été les avancées en ce qui concerne le statut de la femme, à travers le changement de la constitution en 2008, la loi sur les quotas des femmes en 2012 dans les assemblées élues et les résultats concrets obtenus le 10 mai à l'occasion des élections législatives'', a-t-il dit. ''Il n'y a pas de délégations qui n'ait souligné fortement cette avancée exceptionnelle de l'Algérie, car peu de pays peuvent aujourd'hui afficher une participation aussi importante des femmes dans leurs assemblées'', a ajouté le ministre. Il a également relevé avoir noté que certains pays considéraient que le code de la famille devait être revu et amélioré '' pour ce qu'ils appellent eux les +discriminations+ entre l'homme et la femme puissent être revues et corrigées''. ''Nous avons bien sûr dit que le code de la femme était un code qui avait déjà subi des modifications et des amendements mais que certains amendements ne pouvaient pas être pris en charge comme ils le souhaitaient parce qu'ils allaient à l'encontre des convictions culturelles algériennes'', a expliqué M.Medelci. Sur la question de l'enfance, il a indiqué que l'Algérie a dévoilé l'ensemble du dispositif mis en place sur le plan légal et réglementaire pour mettre les enfants à l'abri des violences. Il a par ailleurs souligné que toutes les délégations ont noté ''l'importance'' de la décision de la levée de l'Etat d'urgence par l'Algérie mais que certains ont estimé que les effets de cette décision ''ne sont pas totalement perceptibles notamment dans les grandes villes puisque en Algérie on interdit aux gens de sortir manifester dans la rue''. ''On leur a répondu qu'on a pris la décision de lever l'Etat d'urgence mais qu'on n'a pas pour autant baissé la garde en matière de prévention et de lutte contre le terrorisme et nous pensons que ces précautions sont utiles. Quant à la possibilité pour les citoyens de se regrouper, ils peuvent le faire dans des salles sécurisées pour éviter le risque d'infiltration de terroristes et les dérives qui peuvent toujours être dommageables'', a dit le ministre. Sur la question des disparus, le ministre a évoqué une réunion en juillet prochain en Algérie entre des responsables algériens en charge du dossier et un groupe de travail qui oeuvre en marge du Conseil des droits de l'homme qui va également rencontrer les familles des disparus. ''Cette rencontre, la première du genre, va nous donner l'opportunité de renforcer la conviction que nous travaillons dans la transparence dans le cadre du traitement de ce dossier''. Interrogé sur les suites que l'Algérie va donner aux recommandations formulées par les délégations au titre de l'EPU dans le cadre de cette 13e session du groupe de travail, le ministre a indiqué que ''de manière très sereine, l'Algérie a pu porter le message que la question des droits de l'homme est une question qu'elle prend en charge et continuera à le faire car elle a la conviction qu'elle relève de ses responsabilités''. ''C'est pour nous une occasion d'intégrer notre effort à ce qui se fait ailleurs et faire en sorte que nous puissions bénéficier de l'expérience des autres et mettre la nôtre à leur disposition'', a-t-il ajouté. Le ministre a tenu également à souligner que tous ceux qui sont intervenus aujourd'hui ont relevé les efforts ''très positifs'' de l'Algérie depuis le dernier rapport de 2008. ''L'évaluation qui a été faite aujourd'hui est une évaluation qui ne nous surprend pas parce que notre propre regard sur les évolutions enregistrées est un regard qui nous laisse, non pas sur une position d'enthousiasme exagérée, mais sur une position de responsabilité assumée et d'engagement pour le futur à poursuivre les mêmes efforts pour continuer sans cesse à faire du respect des droits de l'homme un élément central du système de gouvernance algérienne'', a enfin déclaré M. Medelci. L'Examen Périodique Universel (EPU) est un nouvel et unique mécanisme du Conseil des droits de l'homme ayant pour but d'améliorer la situation des droits de l'homme sur le terrain dans chacun des 193 Etats membres des Nations Unies. Par ce mécanisme, la situation des droits de l'homme de tous les pays membres de l'Onu est examinée tous les quatre ans et demi. 42 Etats sont examinés par année lors de trois sessions de l'EPU de 14 pays chacune. Ces sessions se tiennent généralement en janvier/février, mai/juin et octobre/novembre. Le résultat de chaque examen est un "document final" listant les recommandations faites à l'Etat examiné qu'il devra mettre en œuvre avant l'examen suivant.