Devant le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, soulignait ce lundi à Genève, qu'en se présentant devant l'examen EPU (Examen périodique universel), l'Algérie n'a pas eu “la prétention de dire ou de faire croire que nous étions aux normes en matière de droits de l'Homme, parce que, aucun Etat au monde n'est exempt de critiques sur ce sujet”. En ce sens, le représentant de la diplomatie algérienne évoquera la poursuite des efforts en ce sens pour dire que l'Algérie “doit faire plus et mieux”. Se défendant de présenter un discours de circonstance, Medelci insistera à dire que la démarche reste réfléchie de longue date et d'une conviction profonde. Ceci, a précisé le ministre des Affaires étrangères, recadre les droits de l'Homme dans la réalité algérienne, disant que le pays a entamé sa transition dans un contexte des plus difficiles et soulignant que le terrorisme était “une agression, une des plus violentes de la période contemporaine”. Le ministre prendra soin de mentionner que l'EPU “indique bien qu'isoler les droits de l'Homme de leurs contextes sociaux, économiques, culturels, y compris sécuritaires, serait un exercice vain”. Mourad Medelci, sur une note d'optimisme, dira que le terrorisme n'est plus la menace qu'il a été pour la nation, ni pour ses institutions ou pour le fonctionnement régulier de ses services publics. Notant toutefois que “sporadiquement et à l'affût de cibles psychologiques et d'effets médiatiques, le terrorisme cherche à faire illusion”. Le difficile équilibre entre liberté et sécurité Pour autant l'Etat algérien, devait-il préciser, n'a ni renoncé à lutter contre le terrorisme ni tenté d'exploiter, à son avantage, cette contrainte pour proclamer une pause des réformes démocratiques. Pourtant, “la recherche d'un juste équilibre entre liberté et sécurité n'est pas un exercice facile”, devait-il avertir, pour prendre à témoin tous les Etats qui ont été confrontés à la menace terroriste. Ce décor planté, le ministre soulignera néanmoins que “mesurant la difficulté à lutter contre le terrorisme tout en promouvant les libertés, l'Etat a poursuivi, sans renoncement, sa démarche de démocratisation”. Dans cette logique, l'Algérie, dira Medelci, “s'est efforcée de traiter la problématique” du phénomène du terrorisme “dans la légalité, en tenant compte des impératifs du droit à la vie, mais aussi du devoir de protéger la population qui n'en attendait pas moins des institutions républicaines en charge de l'ordre et de la sécurité. Et de préciser encore que l'Etat a tenu à se conformer à ses engagements internationaux et à agir dans le respect des droits de l'Homme”. C'est donc dans cette veine qu'il sera alors amené à évoquer les questions de l'état d'urgence, de la torture et de centres de détention secrets, chevaux de bataille de certaines ONG. Concernant l'état d'urgence, Medelci indiquera sans nuance que celui-ci “ne sera levé que lorsque les conditions ayant présidé à sa proclamation auront cessé d'exister”. Non sans en relativiser, l'impact sur les libertés individuelles et collectives en soulignant “la proportionnalité des mesures applicables à ce titre avec les risques résiduels qui persistent”. L'état d'urgence n'a pas empêché la tenue d'élections Il en voudra pour preuve le fait que l'état d'urgence “n'a pas empêché la tenue d'élections régulières et la préservation de la légitimité des institutions”. Sur cette lancée, il précisera que “la démocratie, les droits de l'Homme et les libertés démocratiques, dans toutes leurs dimensions, sont aujourd'hui des acquis comme en témoignent la tenue régulière délections libres et transparentes, la diversité dans la composante du Parlement, le fonctionnement démocratique des institutions, l'expression libre des opinions et le développement prodigieux de la presse et du mouvement associatif”. Quant à la torture, la qualifiant de “sujet grave et de pratique méprisable”, le ministre dira que le peuple algérien “qui l'a vécue dans sa chair durant la colonisation ne peut ni l'accepter, ni la tolérer et encore moins entretenir le silence à son égard”. Ajoutant qu'en Algérie “prohibés par la loi fondamentale en tout lieu et en toutes circonstances, les traitements cruels, inhumains ou dégradants exposent aussi bien leurs auteurs aux poursuites prévues par la loi”. Sur la question de centres de détentions, secrets, Medelci a opposé un net démenti en affirmant qu'“aucun centre de détention n'échappe au contrôle du juge, aucun n'échappe à la portée de la loi”. La décennie 1990 une parenthèse douloureuse Le chef de la diplomatie algérienne relève l'urgence et l'importance de la consolidation de la paix retrouvée après la longue et difficile période de troubles de la décennie 1990". Il s'agit, devait-il expliquer, “d'une parenthèse douloureuse dont nous avons tiré beaucoup de leçons et que nous avons entrepris de refermer dans la solidarité et la réconciliation des cœurs autour de l'objectif de la construction de l'Algérie de demain enracinée dans ses valeurs et ouverte sur l'universel”. Il ne manquera pas en ce sens de rappeler le succès populaire du référendum sur la Charte nationale pour la paix et la réconciliation nationale, une “adhésion citoyenne illustrant le rejet de la violence comme moyen d'expression et l'attachement aux vertus du dialogue, de l'entraide et du pardon”, dira-t-il. Le ministre des Affaires étrangères parlera ensuite dans le contexte de la promotion des droits de l'Homme d'une vision multidimensionnelle de l'Algérie, citant en ce sens, le renforcement de l'indépendance de la justice et sa modernisation, la valorisation des ressources humaines, la réforme du système pénitentiaire, la consolidation de la présomption d'innocence. Autant de vecteurs, dira-t-il, s'ajoutant à la charpente du processus démocratique en Algérie où “la mise à jour du dispositif législatif a touché, entre autres, le code de la famille dont les modifications ont permis de corriger certaines iniquités à l'égard des femmes”. Quant à la presse en Algérie, “elle est la plus libre dans sa sphère géographique”, notera le ministre pour avancer ensuite les chiffres de 52 quotidiens, 98 hebdomadaires, et 43 autres périodiques, et un tirage global de 4,5 millions d'exemplaires, reflétant à son sens à la fois les opinions, les courants de pensée et la réalité sociologique qui prévalent en Algérie. “87% des poursuites judiciaires intentées à la presse ont été initiées par des particuliers qui s'estiment victimes de diffamation, d'atteinte à leur vie privée” devait-il souligner. Non sans rappeler que le chef de l'Etat a prononcé “des mesures de grâce à deux reprises, au profit de journalistes et autres professionnels de l'information”. M. Medelci a enfin abordé la question de l'exercice des cultes en Algérie, notant qu'en ce qui concerne l'islam, religion de 99% des Algériens, “des mesures ont été instaurées afin de prévenir les dépassements et les dérapages et assurer une saine compréhension de la religion”. Zahir Benmostepha