Les consultations pour la formation du nouveau gouvernement Syrie ont débuté dimanche, alors que l'opposition tente d'unir ses rangs en se dotant d'un nouveau chef au lendemain de la mort de dizaines de personnes dans des violences à travers le pays, compliquant davantage la tâche de l'émissaire international Kofi Annan. Quelques jours seulement après sa nomination par le président Bachar al-Assad, le nouveau Premier ministre syrien Ryadh Hidjab a entamé des consultations en vue de former un nouveau gouvernement après les élections législatives du 7 mai dernier, boycottées par l'opposition. "Nous avons eu des contacts hier (samedi) et une date pour le début de ces consultations a été fixée pour former un nouveau gouvernement", a déclaré Ali Haidar, membre du Conseil présidentiel du Front populaire ayant remporté cinq sièges à la nouvelle Assemblée du peuple. Alors que les violences se poursuivent dans le pays et les pressions internationales ne cessent d'augmenter, le président syrien a assuré dans son dernier discours devant le parlement que le nouveau gouvernement "prendrait en compte les nouvelles forces politiques" dans le pays. Ce nouveau cabinet a la lourde de tâche de ramener le calme dans le pays et d'entériner les réformes décidées par le chef de l'Etat. Mais ce n'est pas chose aisée, devant la poursuite des violences et des tueries, dont le pouvoir et l'opposition se rejettent la responsabilité. Samedi, pas moins de 96 civils ont été tués dans plusieurs régions du pays, notamment à Homs (centre), Deraa (sud), Edleb (nord-est), Lattaquié (ouest), selon un bilan établi par l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Ces victimes portent à plus de 14.000 le nombre de personnes tuées en Syrie depuis le début des évènements en mars 2011, selon l'OSDH. L'ong précise que 14.115 personnes ont été tuées, dont au moins 3.470 soldats de l'armée régulière et 9.862 autres personnes, un chiffre composé de civils et individus ayant pris les armes pour mener une rébellion contre le gouvernement, considérés par Damas comme "groupes terroristes". Ces nouvelles violences assombrissent de plus en plus les perspectives d'une issue pacifique à la crise d'autant plus que la communauté internationale peine à imposer une solution à travers des négociations entre les parties en conflit. Ces négociations, incluses dans le plan de l'émissaire international Kofi Annan, restent pour l'instant un voeu pieux face au refus de Damas de discuter avec "des bandes terroristes" et l'absence d'union et de voix unique au sein de l'opposition, dont certains groupes ont pris les armes contre le régime en place, alors que d'autres ont participé aux élections, prônant un dialogue national. Le Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l'opposition), tente d'unir ses rangs pour parler d'une seule voix du moins en apparence, en nommant à la tête du Conseil un nouveau chef, Abdel Basset Sayda qui succède à Burhan Ghalioun, qui a démissioné officiellement en raison des divisions au sein de la coalition. A peine élu, le nouveau chef du CNS a estimé que le régime du président Al-Assad "touchait à sa fin" et qu'il avait a perdu le contrôle de plusieurs villes syriennes plus de 15 mois après le déclenchement des contestations à la mi-mars 2011. Il a assuré que le conseil "allait concentrer ses efforts pour que la communauté internationale prenne une décision décisive à l'encontre du régime" lequel selon lui, "se débat". Mais au sein des Nations unies le blocage persiste. La Russie, pays membre permanent du Conseil de sécurité, et allié indéfectible du régime syrien, rejette en bloc toute résolution à l'ONU présentée par les puissances occidentales, à leur tête les Etats-unis, pour sanctionner Damas. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réaffirmé samedi le rejet par son pays de tout recours à la force contre la Syrie, mettant en garde qu'une telle action "entraînerait des conséquences gravissimes pour toute la région du Proche-Orient". Moscou refuse toute immixtion étrangère pour imposer une solution aux Syriens, fustigeant notamment les appels à armer l'opposition syrienne, et le chef de la diplomatie russe a réaffirmé qu'il n' y a pas d'alternatives à l'application du plan Annan malgré qu'il "commence à s'enliser". Alors que d'autre part, le quotidien koweïtien Al-Qabas a rapporté dimanche que "des dizaines de Koweitiens", en plus de groupes d'étrangers dont "des Saoudiens et Pakistanais portaient des armes aux côtés de l'Armée syrienne libre (ASL) contre le régime de Bachar al-Assad". Pour tenter de mettre fin à l'impasse, la Russie a proposé l'organisation "au plus vite" d'une conférence internationale sur la Syrie, avec la présence de l'Iran, qui "est l'un des pays qui ont une influence sur le gouvernement syrien". Cependant, Washington, Londres et Paris avaient refusé d'associer Téhéran à cette conférence. Les Etats-Unis, mais aussi le Conseil national syrien, ont accusé l'Iran d'ingérence dans les affaires syriennes, en l'accusant également de fournir "une aide militaire" à Damas. La Maison blanche a ouvertement parlé récemment d'un changement de régime avec le départ d'al-Assad pour mettre fin aux violences. La Russie a répondu qu'elle soutiendrait "avec joie" le départ du président syrien "si les Syriens sont d'accord sur ce point". Le président français François Hollande a proposé de tenir le 6 juillet à Paris la prochaine réunion du groupe des Amis de la Syrie.