L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui se réunit mercredi et jeudi à Vienne, devrait maintenir inchangé le plafond de sa production, malgré une chute des cours, estiment mercredi les experts. Après les travaux du 5e séminaire international de l'organisation, prévus mercredi et jeudi matin, les ministres de l'Opep qui tiendront leur 161è réunion ministérielle dans l'après-midi, examineront l'état du marché mondial et ses perspectives. En décembre, les membres de l'Opep avaient fixé leur plafond de production à 30 millions de barils par jour. Cependant, celui-ci est largement dépassé, et a été estimé en avril à 31,85 millions de barils par jour par l'Agence internationale de l'Energie (AIE), notamment en raison d'une forte hausse de l'offre de l'Arabie saoudite, premier producteur au sein de l'Opep. Ce pays a fortement augmenté sa production depuis décembre, passant de 9,45 millions de barils par jour (mbj) à plus de 10 mbj en avril, un niveau historique, au moment où l'offre iranienne diminuait de 300 000 barils/ jour. Mais, la Libye et l'Irak ont également augmenté leur production. Cette augmentation de la production des trois pays a entraîné une hausse importante des stocks mondiaux, alors que la demande avait ralenti. Les six derniers mois, les prix du brut ont joué aux montagnes russes, dopés par l'embargo pétrolier décidé par l'UE en janvier dans la cadre de ses sanctions contre le programme nucléaire iranien, avant de connaître une baisse en raison de la crise en zone euro. Après un pic à 128 dollars début mars, le cours du Brent coté à Londres a dégringolé de 25%, sombrant début juin sous les 100 dollars, au plus bas depuis près d'un an et demi. Toutefois, l'annonce d'une aide de 100 milliards d'euros accordée par les 17 membres de la zone euro aux banques espagnoles, avec un prêt européen pouvant atteindre 100 milliards d'euros, a permis aux prix du pétrole de prendre une bouffée d'oxygène. Cependant, la volatilité qui continue de dominer les prix du pétrole, inquiète certains membres de l'organisation. Le ministre koweïtien du Pétrole, Hani Hussein, avait affirmé lundi que les pays producteurs étaient inquiets face au recul des prix du baril et de l'"étrange" comportement du marché pétrolier. "Certains membres de l'Opep sont inquiets des prix et de ce qui se passe" sur le marché pétrolier après une chute des cours de plus de 20% au cours des deux derniers mois, avait-il déclaré à des journalistes. "Une certaine inquiétude se manifeste à propos de l'orientation des prix et de la production", avait-il ajouté. En dépit de la faiblesse de l'économie mondiale, une demande fragile et la tension autour de l'Iran, le ministre koweitien avait soutenu que l'Opep n'envisage pas de baisser sa production. En revanche le ministre de l'Energie et des mines, Youcef Yousfi, a affirmé depuis Kuala Lumpur que l'Opep devait baisser sa production le 14 juin s'il s'avère que le plafond de 30 millions de barils/jour a été dépassé. "J'espère que nous allons trouver un consensus pour corriger la situation s'il s'avère que le plafond de 30 millions de barils/ jour a été dépassé. S'il ne l'est pas nous allons encore examiner la détérioration des prix de ces derniers jours", a-t-il dit. L'Iran, de son côté, a formellement protesté auprès de l'organisation contre la hausse de production constatée, avant sa réunion semestrielle, selon son représentant au sein de l'Opep, Mohammad Ali Khatibi. Deuxième producteur de l'Opep, l'Iran a toujours défendu un prix élevé pour le pétrole. Il a même parié sur le fait que l'embargo de l'UE, qui importait quelque 600.000 b/j de brut iranien, pousserait les prix à la hausse, tablant sur un baril à 150 dollars. Mais, c'était sans compter sur la réaction de certains membres de l'organisation qui ont gonflé fortement leur offre. La réunion de Vienne s'annonce également cruciale pour les Iraniens et les Saoudiens, qui se disputent le poste de secrétaire général de l'Opep. Les deux pays ont déjà désigné leur candidat respectif pour ce poste. Le nouveau secrétaire devrait prendre ses fonctions à la fin de l'année.