Les pays producteurs de pétrole vont se réunir à Vienne aujourd'hui pour fixer leurs quotas de production. Avec 25 millions de baril par jour et un prix du baril actuellement autour de 80 dollars (58 euros), les principaux membres de l'OPEP ont d'ores et déjà prévenu qu'aucun changement ne devrait être annoncé. Néanmoins le cartel devrait se pencher sur le respect des quotas. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les membres de l'Opep respectent très inégalement leurs quotas. Depuis le 1er janvier 2009, l'Opep s'est fixé un objectif global de production de 24,84 millions de barils par jour (mbj), valable pour 11 des 12 pays membres de l'organisation (Opep 11). L'Irak est dispensé de quota en raison de la situation politique dans le pays. La répartition des quotas n'est pas communiquée par l'Opep mais calculée par l'AIE qui représente les intérêts des pays consommateurs. Selon son dernier rapport publié en mars, la production de l'Opep 11 a dépassé en février de 1,86 mbj sa cible de 24,84 mbj. Alors que la plupart des pays arabes du Golfe respectent plus ou moins leur objectif, d'autres comme l'Angola, le Nigéria et l'Iran sont bien plus laxistes. Notons que l'Opep est convaincue qu'elle est des niveaux de prix "satisfaisants" et de la persistance des inquiétudes sur la demande pétrolière mondiale, ce qui ne l'incite pas à changer son plafond de production, observent la plupart de ses membres. Le ministre de l'Energie, M. Chakib Khelil a estimé, mardi à Vienne, qu'"il y a un consensus au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole pour le maintien du plafond de sa production" lors de leur réunion à Vienne. Excluant une hausse de la production, M. Khelil a indiqué qu'"avec des prix évoluant autour de 80 dollars le baril, les pays membres devraient opter pour un maintien des quotas au moins jusqu'à la prochaine réunion prévue en septembre". S'agissant des facteurs encourageant actuellement la hausse des prix, le ministre a cité notamment, la dégradation de la valeur du dollar et les tensions géopolitiques, prévoyant aussi une légère hausse au 3ème trimestre de l'année à plus de 80 dollars le baril. Jeudi, le nouveau président de l'Opep, l'Equatorien Germanico Pinto a déclaré qu'"un changement de politique ne sera pas nécessaire", lors de cette réunion. A l'instar de l'Equateur, le Venezuela et l'Iran, constituant le noyau dur de l'organisation, se sont dits lundi favorables à un maintien de la production. Pour le Venezuela, l'augmentation de la production pourrait provoquer "une grande instabilité" des prix, alors que pour l'Iran c'est une option à écarter en l'absence de signe d'une augmentation de la demande mondiale de pétrole. "Augmenter la production en ce moment pourrait entraîner une hausse des stocks de brut dans les pays consommateurs, ce qui provoquerait à son tour une grande instabilité des prix dans les pays producteurs", a déclaré à Caracas le ministre vénézuélien de l'énergie, M. Rafael Ramirez. "Il n'y a pas d'augmentation de la demande sur le marché et l'offre n'a pas beaucoup diminué", a déclaré pour sa part à la presse le ministre iranien du Pétrole, Massoud Mir Kazemi. Le ministre qatari du pétrole Abdallah al Attiyah, a tenu dimanche des propos similaires, estimant que la réunion ne devrait pas aboutir à un changement du niveau de la production. "Il n'y a pas de raison ni de réduire ni d'augmenter l'offre(...) je pense qu'il n'y aura pas de changement. Le marché fonctionne très bien, nous voyons que les stocks sont élevés. Il n'y a donc pas de panique, pas de pénurie ou de problème d'offre", a-t-il expliqué. L'organisation semble tenir compte du niveau des prix satisfaisants, évoluant autour de 70 et 80 dollars, une fourchette qu'ils considèrent acceptable pour poursuivre leurs investissements dans le secteur pétrolier. Ce niveau des prix inciterait le groupe influent de l'Opep à respecter ses quotas fixés qu'il l'a largement dépassé le mois passé. "Avant de penser à une augmentation ou à une baisse de la production, il faut d'abord respecter les quotas fixés" par l'Opep, avait souligné début mars le chef de la délégation libyenne Choukri Ghanem. En février, l'Opep en incluant l'Irak non soumis au régime des quotas, a pompé 29,2 millions barils/jour, la plus grande quantité de pétrole fournie depuis 14 mois, soit une augmentation de 4,3 mbj par rapport aux 24,84 mbj fixés lors de la réunion d'Oran, en décembre 2008, selon l'Agence internationale de l'Energie. D'ailleurs, le respect des quotas devrait constituer l'essentiel des discussions prévues lors de cette réunion mais sans exercer de pression pour une discipline de production tant que les prix restent élevés et les perspectives positives, estiment des analystes. Selon la revue spécialisée Middle East Economic Survey (MEES), cette surproduction provient des pays comme l'Iran et l'Angola, en dépassement chacun de 400.000 bj. Autre facteur déterminant devant convaincre l'Opep à préserver ses quotas, les inquiétudes sur l'excèdent de l'offre qui pourrait s'aggraver au deuxième trimestre, période généralement marquée par un recul de la demande. Malgré la révision à la hausse de sa prévision de la demande pétrolière mondiale pour 2010, l'Opep s'est toutefois inquiétée dans son dernier rapport, des stocks élevés de brut, appelés généralement à augmenter lors de cette période.