La situation semble s'enliser en Syrie après la décision des observateurs de l'ONU de suspendre leurs activités, en raison de l'escalade continue des violences à travers le pays où plus de 30 personnes, en grande majorité des civils, ont péri ce samedi. "En raison de l'intensification de la violence armée ces dix derniers jours, (...) et des risques encourus, la mission des observateurs de l'ONU suspend ses activités", a annoncé son chef, le général Robert Mood, dans un communiqué expliquant cette suspension. Il s'agit d'une suspension temporaire, qui sera réexaminée au jour le jour, explique le chef de la mission. Les patrouilles des quelque 300 observateurs présents sur le terrain ne pourront reprendre que lorsque "la situation le permettra" car pour le moment, souligne le général Mood, les risques sont trop élevés. Selon le chef de la mission onusienne, sa suspension est le dernier signe attestant que le plan Annan ne fonctionne pas car tant les troupes gouvernementales que l'opposition ne respectent pas le cessez-le feu décrété en avril dernier. Cette trêve a été instaurée en vertu du plan de sortie de crise proposé par l'émissaire des Nations Unies et de la Ligue arabe, Kofi Annan, mais les parties en conflit (gouvernement et opposition) font régulièrement état de nouveaux affrontements et victimes. "L'absence de volonté des deux parties pour parvenir à une transition pacifique, et la poussée vers les (solutions) militaires accroissent les pertes des civils innocents", précise-t-il. Selon le général Mood, cela augmente aussi les risques encourus par les observateurs. Depuis le début de leur mission en avril, les patrouilles des observateurs ont à plusieurs reprises été la cible de tirs. De ce fait, la présence de la mission de l'ONU et les discussions entre Kofi Annan et Bachar al-Assad, n'ont pas empêché les combats quasi-quoridiens entre armée syriennes et rebelles. Selon l'observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), au moins 36 personnes ont été tuées ces dernières heures, à travers le pays et des centaines de familles étaient encerclées et bombardées dans plusieurs quartiers de Homs. Ce bastion de la contestation, dans le centre de la Syrie, a déjà été cible de plusieurs offensives de grande ampleur des forces gouvernementales, selon l'OSDH. L'ONG syrienne a, à cet égard, exhorté le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki Moon, à "intervenir immédiatement pour faire arrêter les bombardements incessants sur les quartiers de Homs afin d'évacuer les familles encerclées". Un appel à l'aide a également été lancé par un groupe de 800 habitants de cette ville. Des militants de l'opposition ont par ailleurs lancé un "appel au secours" pour Douma, près de Damas, en soulignant que les bombardements y avaient "fait ces deux derniers jours plus de 20 morts et de 500 blessés". L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait un peu plus tôt exhorté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à "intervenir immédiatement pour faire arrêter les bombardements" sur Homs "afin d'évacuer plus de 1.000 familles encerclées, comprenant des enfants et des femmes". Après cette annonce, le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé "comprendre" la décision du chef des observateurs de suspendre leur mission, tout en soulignant faire face à des gangs bien armés. Washington a évoqué un "moment critique" dans la crise syrienne appelant, encore une fois, le gouvernement syrien à respecter ses engagements dans le cadre du plan Annan, dont la mise en œuvre d'un cessez-le-feu. La Turquie, qui accueille des milliers de réfugiés syriens sur son sol, a demandé au Conseil de sécurité de l'Onu de prendre "une nouvelle mesure" pour prévenir une dégradation de la situation en Syrie. Le dossier syrien doit être au menu, la semaine prochaine en marge du G20, des entretiens du président méricain Barack Obama avec ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Hu Jintao, qui s'opposent farouchement à toute intervention étrangère en Syrie.