Les observateurs de l'ONU ont suspendu samedi leur mission en Syrie en raison de "l'intensification des violences", qui fait craindre à l'opposition syrienne un nouveau massacre à Homs (centre). Ces dernières heures, au moins 36 personnes ont été tuées à travers le pays, tandis que des centaines de familles étaient piégées sous les bombes à Homs, bastion de la contestation et déjà cible de plusieurs offensives de grande ampleur des forces du régime de Bachar al-Assad. "En raison de l'intensification de la violence armée ces dix derniers jours, (...) et des risques encourus, la mission des observateurs de l'ONU suspend ses activités", a annoncé son chef, le général Robert Mood, dans un communiqué. Les quelque 300 observateurs présents en Syrie "arrêteront de patrouiller jusqu'à nouvel ordre", a-t-il ajouté, promettant que la mission reprendrait dès que la situation le permettrait. Les observateurs étaient arrivés mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu approuvé par le régime comme par l'opposition dans le cadre du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan, mais complètement ignoré. Selon un bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) jeudi, la répression et les combats entre armée et rebelles ont fait au moins 3.353 morts depuis le 12 avril, date d'entrée en vigueur officielle du cessez-le-feu. Les observateurs ont plusieurs fois rapporté avoir été empêchés de se rendre sur un site qu'ils souhaitaient voir, et avoir même été pris pour cible. "L'absence de volonté des deux parties (gouvernement et opposition) pour parvenir à une transition pacifique, et la poussée vers les (solutions) militaires accroissent les pertes: des civils innocents, hommes, femmes et enfants sont tués tous les jours. Cela augmente aussi les risques que prennent les observateurs", a regretté le général Mood. Après cette annonce, et alors que le Conseil de sécurité doit bientôt revoir le mandat de la mission de l'ONU, Burhan Ghalioun, le chef du bureau politique du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé l'ONU à déployer des Casques bleus. "On ne peut pas compter sur des observateurs désarmés, il faut envoyer en Syrie des Casques bleus, une mission plus nombreuse et capable de se protéger contre la violence de ce régime", a déclaré l'ancien président du CNS. Le CNS a également averti qu'un nouveau massacre se profilait à Homs. Selon cette coalition, 30.000 soldats et membres de milices pro-gouvernementales assiègent cette ville sur laquelle "les forces du régime ont intensifié leurs bombardements (...) d'une façon inédite". L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait un peu plus tôt exhorté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à "intervenir immédiatement pour faire arrêter les bombardements" sur Homs "afin d'évacuer plus de 1.000 familles encerclées, comprenant des enfants et des femmes". Dans ce bastion de la contestation, cinq civils ont péri samedi dans les quartiers de Khaldiyé, Bab Tadmor et Jouret al-Chiyah, a indiqué l'ONG. Vendredi, la France avait exprimé sa "vive préoccupation" après des informations faisant état d'une opération militaire imminente contre cette ville, où le régime a violemment repris en mars le quartier rebelle de Baba Amr. L'agence missionnaire du Vatican Fides a relayé l'appel d'environ 800 civils musulmans et chrétiens de Homs pris au piège. Il s'agit de femmes, d'enfants, de personnes âgées ou handicapées, "qui sont en réel danger, qui n'ont rien et vivent dans la panique au milieu des bombardements et des combats", selon Fides. Des militants de l'opposition ont par ailleurs lancé un "appel au secours" pour Douma, près de Damas, sur la page Facebook "Syrian Revolution 2011", en soulignant que les bombardements y avaient "fait ces deux derniers jours plus de 20 morts et de 500 blessés". Au total samedi, au moins 36 personnes, en grande majorité des civils, ont été tuées à travers le pays d'après l'OSDH. Le ministère syrien des Affaires étrangères a ainsi affirmé "comprendre" la décision du chef des observateurs de suspendre leur mission, en rejetant la responsabilité des violences sur des "groupes terroristes". Le dossier syrien doit être au menu, la semaine prochaine en marge du G20, des entretiens du président américain Barack Obama avec ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Hu Jintao, alliés de Damas qui bloquent toute action contre le régime de Damas au Conseil de sécurité de l'ONU.