L'Algérie dispose de beaucoup de potentialités et de domaines d'activité où elle peut développer l'entreprenariat social, un concept nouveau issu de la nécessité de concilier les exigences de production et d'atténuation des problèmes sociaux, a estimé lundi à Alger un expert. Selon les définitions les plus courantes, le principe de l'entreprenariat social est d'utiliser l'entreprise au service de l'intérêt général. Au même titre que toute autre entité économique, l'entreprise sociale obéit aux mêmes principes de rentabilité et de commercialité avec cette différence que ses objectifs de production sont conçus aussi pour répondre à des besoins s'exprimant dans la société. Le principe de l'entreprenariat social diffère de celui de l'entreprenariat ordinaire par le fait que ce dernier a pour objectif exclusif de réaliser des bénéfices alors que l'entreprenariat social utilise les bénéfices dégagés pour le développement de son activité et pour l'amélioration des conditions de travail et d'existence de ses employés. En plus clair, les créneaux concernés par ce modèle d'entreprenariat sont les entreprises sociales qui répondent d'abord aux besoins fondamentaux de l'être humain -se nourrir, se loger, se soigner, s'éduquer, travailler-, a expliqué M. Tarik Ghezali, expert dans l'entreprenariat social lors d'une journée d'information sur ce sujet. M. Ghezali a estimé qu'il existait plusieurs domaines d'activité où les entrepreneurs algériens peuvent adopter cette démarche notamment les filières du commerce équitable, l'artisanat, la lutte contre la désertification et surtout le tourisme durable et écologique qui ne représente que 1% à peine du tourisme méditerranéen, a-t-il précisé. Dans ce contexte, l'expert a indiqué que l'Algérie disposait d'un potentiel touristique important qu'elle peut exploiter dans ce domaine non pas par la construction de grands hôtels sur la côte mais par une démarche touristique respectueuse des citoyens et de l'environnement. La lutte contre la désertification par l'implantation d'arbres et le recyclage des déchets en les transformant en produits organiques constituent d'autres domaines où les entrepreneurs peuvent s'investir et gagner de l'argent tout en contribuant au développement durable du pays, a-t-il ajouté. Par ailleurs, M. Ghazali a souligné qu'un certain nombre d'entreprises sociales commençaient à émerger en Algérie notamment dans le domaine du commerce équitable. L'intervenant a cité quelques exemples de cette forme d'entreprise en Algérie telle que l'entreprise Bionoor, la première à avoir reçu la certification de l'agriculture biologique en Algérie grâce à la production de la "datte bio". Cette entreprise oeuvre à l'essor de l'agriculture biologique en Algérie et permet aussi aux producteurs locaux de vivre mieux en leur payant un prix supérieur à celui du marché et en cherchant à améliorer les conditions de vie des employés ainsi que les techniques agronomiques utilisées. Quant au financement de ce genre d'activité, l'expert a indiqué que ces entreprises pouvaient se financer à travers des prêts auprès des banques spécialisées dans l'accompagnement de ce type d'entreprises et des fonds d'investissements. Selon l'intervenant, l'Etat doit créer les conditions favorables à la naissance de ce genre d'entreprenariat en mettant en place les dispositifs nécessaires. Né dans les années 1980, l'entreprenariat social s'est développé simultanément et sous des formes différentes dans plusieurs pays notamment aux Etats Unis et en Europe.