L'expert international, Tarik Ghezali, met l'accent sur l'importance du développement de l'entrepreneuriat en Algérie, qui permet entre autres la résorption du taux de chômage et la prise en charge de plusieurs problèmes sociaux. Dans une conférence de presse, organisée hier à l'hôtel Sofitel d'Alger par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), en partenariat avec la fondation Friedrich-Naumann, Tarik Ghezali a affirmé que «l'entrepreneuriat social, qui conjugue la logique économique et sociale, existe en Algérie». Cette nouvelle forme de l'économie des entreprises qui prend en charge les besoins sociaux fondamentaux pour faire du profit a été initiée en Algérie, rappelle l'intervenant, par Hadj Khellil. Ce dernier a réussi à créer son entreprise Bionoor, spécialisée dans la production et le conditionnement de la datte de Ouargla sous le label BIO, afin de créer de l'emploi pour les jeunes chômeurs de la région, mais aussi pour la réhabilitation de la datte par, notamment son conditionnement et son exportation vers les marchés extérieurs. Cet entrepreneur a relevé le défi et son produit a gagné une certaine notoriété spécialement en Europe. D'autres entrepreneurs sociaux activent, actuellement en Algérie, pour apporter en premier lieu des solutions aux problèmes de société. «Des entrepreneurs sociaux existent en Algérie où les pouvoirs publics et les entreprises privées tentent des collaborations avec comme objectif la protection de l'intérêt général», insiste l'intervenant. Il ajoute : «On peut créer des entreprises sociales dans tous les secteurs d'activité économique, comme celui du marché informel qu'on peut régulariser avec l'aide des pouvoirs publics en accordant des crédits à moindres coûts.» Il est donc possible de prendre en charge ce marché «en le légalisant sous forme d'entreprises sociales avec une nouvelle approche entre les pouvoirs publics algériens et les citoyens», propose l'expert, qui avance le taux de 20% à 40% de marché informel. Le conférencier cite, par ailleurs, une autre activité qui relève de la gestion des déchets. Il est, selon lui, possible de créer des entreprises sociales qui feront de l'argent mais en le réinvestissant en grande partie de leur capital dans l'expansion de la société. Selon le même intervenant, les entreprises sociales créent plus d'emplois que les moyennes, car elles mettent l'homme au cœur du projet. A titre d'exemple, il précise qu'en France, l'économie sociale et solidaire dans son ensemble crée 2,5% plus d'emplois que la moyenne du secteur privé, avec une moyenne de 50 000 emplois par an dans les années 2000 et avec un Etat investisseur social». L'Algérie, poursuit-il, recèle des moyens importants en termes de compétences et de finances pouvant encourager ce genre d'entreprises. Ces dernières suscitent même un intérêt fort auprès des jeunes. «L'épuisement programmé de la rente pétrolière devra amener l'Etat à opter pour une meilleure rationalité économique de l'action sociale et des services publics», a-t-il déclaré. Sous le thème «L'entrepreneuriat social, une opportunité pour l'Algérie : mettre l'entreprise privée au cœur de l'intérêt général», la rencontre a vu également la participation de Mohamed Seghir Babès, président du Conseil national économique et social (Cnes) et Slimane Benaïssa, grand dramaturge algérien installé en France depuis les années 1990. L'entrepreneuriat social a vu le jour en France durant les années 1980 avec la création de l'entreprise SOS par une simple association qui activait en France dans le domaine de la protection des jeunes de l'usage de la drogue. Le travail de cette association s'est agrandi pour prendre en charge des gens mal logés ou qui n'ont pas de logements, avant de s'occuper des problèmes des sans-emplois.