L'exemplarité et la légitimité du Mouvement de libération national ont été soulignées dimanche à Alger à l'occasion d'une rencontre internationale sur le thème "Algérie 50 ans après : libérer l'histoire". La résistance du peuple algérien au colonialisme pendant 132 ans et les nombreuses insurrections contre la répression coloniale ont été largement évoquées par des chercheurs, universitaires et historiens dans leurs communications, tout en soulignant l'exemplarité et la légitimité du Mouvement de libération national, au premier jour de cette rencontre internationale, organisée à l'occasion de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie. Le forum est organisée conjointement par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) et le quotidien La Tribune. Dans sa communication, l'universitaire et archiviste algérien Mohamed Touili a souligné la "valeur exemplaire du combat du peuple algérien" pour son indépendance, relevant en revanche "l'indifférence" de l'opinion publique française qui était "mal informée" sur ce qui se déroulait en Algérie. M. Touili a expliqué que face à la "vision idéalisée" des autorités française au colonialisme, la guerre de libération nationale avait fini par provoquer une crise en France où l'opinion publique avait fait de la fin de la guerre en Algérie une "nécessité". Pour cet universitaire, la guerre de libération nationale avait d'abord gagné la bataille de l'opinion publique en France puis en Europe et à l'échelle internationale avec la reconnaissance par les Nations-unies du droit à l'indépendance du peuple algérien. De son côté, M. Nadir Boumaza, enseignant à l'université de Grenoble (France), a relevé que les nombreuses insurrections contre la colonisation en Algérie n'ont jamais cessé depuis 1830, date de l'invasion française en Algérie. Selon M. Boumaza, ces insurrections sont une réplique à une colonisation "suicidaire" et "génocidaire". Pour sa part, M. Belaid Abane a estimé que le "destin collectif" du peuple algérien avait commencé en 1954, avec le déclenchement de la guerre de libération nationale, ajoutant que ce "destin collectif" a projeté l'Algérie dans la "modernité". "Le déclenchement de la Révolution avait permis au peuple algérien, opprimé par le colonialisme, de jaillir tel un champignon atomique", a commenté le neveu de l'historique Abane Ramdane, regrettant que "la France des droits de l'homme" ait "brimé" le peuple algérien qu'elle refusait de "montrer" à la communauté internationale. Evoquant le congrès de la Soummam qui a jeté les premiers jalons de l'Etat moderne algérien, il a fait le lien avec les événements d'octobre, qu'il a qualifiés de "printemps algérien". A son tour, l'universitaire allemand Elsenhans Hartmut qui a publié un ouvrage sur la Guerre d'Algérie en 1974, a fait observer que la France "n'a jamais compris" que la guerre d'Algérie allait aboutir à l'indépendance. "Les Français faisaient croire à l'opinion publique que l'Algérie n'a jamais été un Etat ou une nation, comme ils le prétendaient pour l'Allemagne, par le passé", a ironisé M. Hartmut, relevant en revanche que la France avait toujours refusé la nationalité française aux Algériens. Intervenant juste après M. Hartmut, M. Paul Sibot de l'université de Montpellier (France), a appelé les chercheurs, les universitaires et les historiens à travailler et collaborer "ensemble" sur une histoire "partagée" où il n'y a pas, a-t-il dit, que "l'aspect conflictuel". Cet analyste du discours a insisté dans sa communication sur le "dialogue" et la "compréhension" entre les chercheurs et les historiens, mettant aussi l'accent sur la "libération de l'histoire et de la pensée".