La gestion prudentielle des dépenses publiques, avancée par le gouvernement comme une nécessité pour faire face aux répercussions budgétaires de la baisse des prix du pétrole, exclut toute réduction de salaires, de transferts sociaux et de soutien des prix, a affirmé dimanche à Alger le ministre des Finances, Karim Djoudi. Une bonne conduite des affaires publiques nécessite certes de "limiter et de plafonner" les dépenses de fonctionnement, mais "je peux vous assurez que la dépense salariale, les transferts sociaux et les soutiens des prix ne seront pas touchés", a indiqué le ministre à la Radio nationale. La rationalité des dépenses courantes se poursuivra quand même et ces dépenses seront ramenées à un "niveau plus acceptable" notamment avec la fin des opérations du versement des rappels relatifs aux régimes indemnitaires et statuts particuliers (de la Fonction publique), a-t-il précisé. En outre, l'Etat est déterminé à "maintenir la politique de soutien direct des prix, comme celui concernant le lait, les blés, l'huile et le sucre, ou indirect comme pour l'assainissement de entreprises de production d'électricité par exemple". Le budget de l'Etat pour 2012 consacre 2.850 milliards de DA (mds DA- environ 39 milliards de dollars) pour les salaires du personnel, plus de 1.300 mds de DA pour les transferts sociaux et près de 200mds de DA pour les subventions des produits de base : laits, céréales, sucre et huiles alimentaires. Estimées à plus de 4.600mds de DA, les dotations allouées au budget de fonctionnement auront doublé depuis 2008 où elles n'étaient que de 2.363,2mds de DA (LFC 2008). La loi de finances complémentaire pour 2012, qui prévoit ainsi des dépenses totales de 7.428mds DA et un déficit budgétaire équivalent à 25,4% du PIB, avait consacré une enveloppe budgétaire supplémentaire de 317 milliards de DA pour prendre en charge les augmentations salariales de 2011. M. Djoudi impute à ces augmentations la montée de l'inflation, qui atteint un pic de 6,9% à fin mai 2012. Si l'importation des véhicules de tourisme, boostée par l'augmentation des salaires, n'a pas eu d'impact sur l'inflation, la consommation interne, tirée par ces mêmes augmentations, a quant à elle stimulé l'inflation, a-t-il remarqué. Les prix du pétrole reculaient nettement vendredi perdant plus de deux dollars le baril à Londres comme à New York. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 98,37 dollars, en baisse de 2,33 dollars par rapport à la clôture de jeudi. La Banque d'Algérie avait dernièrement averti contre la poursuite de la croissance des dépenses publiques estimant que l'Algérie a besoin d'un baril supérieur à 110 dollars pour maintenir son équilibre budgétaire. Les recettes pétrolières représentent 97% des recettes de l'Algérie et plus de 70% des recettes budgétaires.