La problématique des coupures récurrentes d'électricité enregistrées depuis le début de l'été a été débattue lors d'une conférence organisée par le Réseau algérien des médias pour l'économie verte et l'environnement (RAMEVE). Représentants d'établissements et institutions chargés de la gestion et de la régulation d'électricité ainsi que des chercheurs ont ainsi tenté d'apporter des explications à ce phénomène qui se répète pratiquement chaque été mais aussi de proposer des solutions lors de cette rencontre tenue lundi dans la soirée. L'offre nationale en électricité ne fait pas défaut puisque la capacité installée est estimée actuellement à plus de 11.000 MW, même si la capacité réelle, c'est-à-dire celle mobilisée, est inférieure d'un millier de MW (10.000 MW) pour une demande globale de près de 9.000 MW, précise Aziz Ameyoud, directeur de conduite système à l'Opérateur système (OS), filiale de Sonelgaz. Or, la demande en électricité qui a connu fin juin un pic de plus de 8.800 MW avec deux sommets de sollicitation de capacité enregistrés en début de l'après-midi et en début de soirée se traduit par une augmentation de la capacité mobilisée par le parc national de centrales, ce qui provoque le plus souvent des problèmes techniques au niveau des installations de distribution et qui sont, dans une large mesure, à l'origine de ces coupures, explique M. Ameyoud. Evoquant le délestage, il a tenu à souligner qu'il constitue "un dernier recours pour redresser l'équilibre entre l'offre et la demande, ajoutant qu'une grande partie des coupures survenues récemment sont dues à des problèmes techniques et non à des arrêts programmés. Le représentant de l'OS a, en outre, rappelé que la situation actuelle "résulte de l'approche adoptée par les pouvoirs publics durant les années 1990" et qui misait sur les investissements directs étrangers pour répondre à la demande interne en électricité "pour des considérations économiques et sécuritaires". "Les autorités ont attendu jusqu'au début des années 2000 pour changer cette orientation du fait que la première option n'avait pas apporté les résultats escomptés", a-t-il poursuivi, ajoutant que les investissements publics consentis actuellement pour renforcer la production nationale d'électricité représentent, en effet, "un effort de rattrapage par rapport à la période précédente". Les pouvoirs publics misent sur une capacité installée supplémentaire de 12.000 MW en 2017, soit plus du double de l'offre actuelle, note, d'autre part le représentant de l'OS. De son côté, Adjib Radi, cadre à la Commission de régulation d'électricité et du gaz (CREG) a relevé que le pic de consommation est passé progressivement de l'hiver à l'été à partir de 2003 en raison notamment du changement des habitudes de consommation chez les ménages algériens. Ce passage de pic explique ainsi la forte croissance annuelle de la demande nationale d'électricité estimé à 14% et qui a atteint 22% en 2012 pour les seules régions de Biskra et d'El Oued. Salim Kehal, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) a, quant à lui, noté que le modèle énergétique algérien "a largement contribué à cette situation". "L'absence d'un véritable mix énergétique, l'importation d'équipements énergivores et la négligence de l'aspect de l'efficacité énergétique lors de la construction des logements ont contribué à la hausse de la consommation", a-t-il expliqué, estimant que les besoins réels seraient vraiment inférieurs aux chiffres affichés avec la mise en place d'une stratégie nationale et intégrée pour l'efficacité énergétique. Le RAMEVE a été créé en juin dernier à l'initiative d'un groupe de journalistes et opérateurs spécialisés dans les questions de l'environnement et du développement durable, explique, par ailleurs, les initiateurs de ce réseau.