L'ultimatum fixé par la Communauté économique de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) pour la formation d'un gouvernement au Mali est arrivé à échéance mardi 31 juillet, au lendemain de l'annonce par les autorités maliennes de la création d'un Haut Conseil d'Etat pour gérer la transition et d'un prochain cabinet d'union nationale. La communauté ouest-africaine, lors d'un sommet à Ouagadougou le 7 juillet, avait donné lors aux autorités de transition à Bamako jusqu'au 31 juillet pour former un gouvernement d'"union nationale", sous peine de sanctions, jugeant le cabinet actuel "pas assez représentatif". Ce gouvernement vise notamment à "unir" toutes les forces du pays pour la reconquête du nord du Mali occupé par des groupes armés depuis plus de trois mois. Les autorités de transition en place depuis le retrait en avril de militaires putschistes auteurs d'un coup d'Etat le 22 mars ayant renversé le président Amadou Toumani Touré, peinent à chasser ces groupes du nord du pays. Le président intérimaire Dioncounda Traoré avait annoncé dimanche dans un discours à la nation la mise en place d'un Haut Conseil d'Etat (HCE), en vue de "compléter l'architecture institutionnelle du pays" et gérer la période de transition. Le HCE sera constitué du président de la République et de deux vice-présidents chargés d'assister le président dans l'accomplissement des missions de la transition politique. Selon M. Traoré, l'un des vice-présidents "représentera les Forces de Défense et de Sécurité et à ce titre il présidera notamment le Comité militaire de suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité et s'occupera de toutes les questions militaires concernant le Nord du Mali". Samedi, le Conseil national de la société civile (CNSC) avait proposé samedi la formation d'un gouvernement "restreint" composé de 16 membres avec de nombreux services rattachés, en vue d'une sortie de crise. L'actuel gouvernement de transition compte 24 membres. Face aux difficultés et aux défis sécuritaires auxquels est confronté le Mali, le président malien a également appelé ses concitoyens à être ouvert "à tous les souffles" dans ses efforts visant à mettre fin à la crise actuelle. "Nous devons, et justement pour reconquérir notre souveraineté totale", avait-il souligné. Cependant, la situation dans le nord du Mali reste confuse. Cette région est sous le contrôle de groupes armés alliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont réussi à prendre le dessus sur la principal mouvement rebelle touareg le Mouvement National de Libération de l'Azawad (MNLA). La volonté des autorités maliennes à réunifier le pays après la prise de contrôle du nord suite au coup d'Etat du 22 mars dernier mené par des militaires, fait resurgir plusieurs questions notamment sur les capacités de l'armée malienne à mener une offensive de grande envergure dans le nord. Certains spécialistes estiment que Bamako manque de moyens permettant de mener une telle compagne, notamment au niveau logistique, étant donné que le nord est une vaste région qui rend difficile toute expédition militaire. Autre alternative, permettre le déploiement d'une force internationale, mais cela doit se faire avec l'accord de pays de la région, pour une meilleure coordination et efficacité sur le terrain afin de faire face à tous les imprévus. Le président ivoirien Alassane Ouattara qui préside la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a indiqué que l'organisation allait déposer en ce sens une nouvelle demande de résolution auprès du Conseil de sécurité pour l'envoi d'une force au Mali. La Cédéao se tient prête à envoyer une force régionale pour aider l'armée malienne à reconquérir le Nord aux mains des islamistes, mais attend un mandat de l'ONU et une aide extérieure, notamment logistique. Jusque-là, le Conseil de sécurité s'est abstenu de donner un mandat à une telle force attendant plus de précisions sur ses contours et sa mission. L'envoi d'une force étrangère au Mali a été également abordé par des chefs d'état-major d'Afrique de l'Ouest se sont retrouvés mercredi et jeudi derniers à Abidjan. Un général Ivoirien membre des forces de la Cédéao avait affirmé à l'issue de la réunion que la Mission de la Cédéao au Mali (Micema) attend une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour déployer 3.000 hommes au nord du pays.