La Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH) a invité les acteurs sociaux à redoubler d'efforts et agir pour donner une "pleine effectivité" aux droits de l'homme en Algérie. Dans son rapport annuel 2011 sur l'état des droits de l'homme en Algérie, la CNCPPDH a invité les différents acteurs sociaux, notamment les pouvoirs publics et ceux de la société civile, à "redoubler d'efforts, non seulement pour la reconnaissance des droits de l'homme dans leur indivisibilité et leur interdépendance, mais à agir pour leur donner une pleine effectivité". La Commission nationale a indiqué, à ce propos, qu'elle "poursuivra ses actions multiples pour la mise en oeuvre des principes de la Déclaration universelle des droits de l'homme et le renforcement de l'Etat de droit dans le pays". Dans son rapport, la CNCPPDH a indiqué s'être attelée à évaluer les droits de l'homme "à travers certaines thématiques s'y rapportant et à faire, en fonction du constat établi, les recommandations qui s'imposent pour remédier aux carences et autres dysfonctionnements établis". Ainsi, concernant les contestations sociales survenues en Algérie en 2011, elle a relevé que l'examen et l'analyse des évènements ayant provoqué des émeutes "renseignent sur le climat de tension qui règne au sein de la société et alimente le sentiment de méfiance des Algériens à l'égard de certains pouvoirs publics locaux et nationaux". Le comportement de certains responsables de l'administration "alimente un sentiment de méfiance, voire de frustration chez les administrés qui se sentent méprisés". Ce sentiment trouve son expression dans le terme dialectal "ElHogra", a-t-elle ajouté. S'agissant des personnes vulnérables, notamment les personnes en situation de handicap, le document relève que les handicapés sont confrontés à de "nombreux obstacles qui freinent leur participation sociale, voire qui les excluent". "Malgré l'existence d'une loi consacrée à la promotion et à la protection des personnes handicapées, celle-ci n'est pas conforme à une vision basée sur les droits et ne fait qu'aggraver la situation des personnes en situation de handicap, en les considérant comme des éternelles personnes assistées, sans tenir compte des capacités qu'elles possèdent et de leur souhait de participer à la vie de la cité, sur la base de l'égalité avec les autres", a fait remarquer la CNCPPDH. Quant aux violences faites aux femmes, la CNCPPDH a relevé que cette question "reste toujours une préoccupation majeure dans la mesure où l'Etat est engagé dans la lutte contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes et le respect de ses engagements internationaux". Pour la commission, la prise en charge de la lutte contre ce fléau est "nettement insuffisante", notamment en matière de prévention des différentes formes de violences faites aux femmes mais aussi et surtout de protection des victimes de ce fléau. Concernant les personnes disparues durant la décennie de la tragédie nationale, la CNCPPDH a souligné que la position de la "minorité de familles", composées de mères, d'épouses et d'enfants, qui refusent actuellement de s'inscrire dans la démarche tracée par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, "mérite le respect et la compréhension". Elle a recommandé, à cet égard, "l'instauration par les pouvoirs publics d'un dialogue, dans un climat serein et apaisé, avec ces familles afin de produire à chaque famille l'ensemble du dossier relatif aux recherches entreprises par les différents services de sécurité relevant des départements ministériels en charge de l'intérieur et de la défense, sur la disparition de leur proches". En ce qui concerne les "harragas" (émigrants clandestins), la Commission nationale a affirmé "n'avoir cessé d'attirer l'attention aussi bien du pouvoir exécutif que législatif sur cette question, éminemment, humaine et de détresse sociale, à qui les pouvoirs publics ont réservé une réponse coercitive, une réponse pénale", a-t-elle considéré. "Un non sens qui reflète le fossé existant entre la population et ceux censés être à son service et à l'écoute de ces milliers d'Algériens et d'Algériennes qui préfèrent tenter de franchir la Méditerranée avec une chance insignifiante d'y arriver que de vivre dans un pays considéré, à tort ou à raison, comme étant un Etat de non droit", a-t-elle ajouté. A propos de "la garde à vue ou plutôt les conditions de déroulement de celle-ci" la CNCPPDH a rappelé l'avoir "régulièrement décriée dans ses rapports annuels sur l'état des droits de l'homme au titre des années 2008, 2009 et 2010". "Cette situation, si elle perdure, est contraire aux dispositions de l'article 34 de la Constitution qui dispose que l'Etat garantit l'inviolabilité de la personne humaine", a-t-elle prévenu.