La viabilité à long terme des systèmes de retraite à travers le monde subit une pression de plus en plus forte avec le vieillissement des populations et les chutes de natalité, indique une étude de l'Organisation internationale du travail (OIT). Selon cette organisation onusienne, alors que nous vivons plus longtemps et que les taux de natalité chutent, surtout dans les économies développées, la viabilité à long terme des systèmes de retraite subit une pression de plus en plus forte. Avec l'allongement de la durée de vie, des questions affluent quant aux possibles effets du vieillissement de la population sur le marché du travail et les systèmes de sécurité sociale. L'enjeu est de taille avec le nombre de retraités de plus en plus important. Ce qui signifie que les régimes de retraite ont besoin de plus de financement pour continuer à fonctionner, analyse-t-elle. Cependant, comme moins de personnes arrivent sur le marché du travail, il y a moins d'argent pour financer les systèmes de pension. Un exemple récent vient d'Allemagne qui a enregistré en 2011 son plus faible taux de natalité depuis 40 ans. Autre cas emblématique, celui du Japon qui compte la population la plus âgée au monde avec plus de 22% des habitants âgés de 65 ans et plus. En Chine, la population en âge de travailler devrait également reculer au cours de cette décennie. Devant cette situation, l'OIT préconise quelques solutions. Il s'agit de maintenir les personnes d'un certain âge sur le marché du travail, non seulement pour réduire le fardeau des retraites mais aussi pour pouvoir bénéficier de leur savoir-faire et de leur expérience bien utile. Elle relève également la nécessité de permettre et de promouvoir des carrières plus longues en donnant accès à la formation et à l'éducation aux personnes qui travaillent tout au long de leur parcours professionnel, en s'assurant également que les travailleurs les plus âgés bénéficient d'un environnement de travail approprié. Promouvoir la prévention et fournir les conditions d'une vie active et saine afin de réduire les maladies chroniques ainsi que les frais de santé est l'autre solution suggérée. Selon l'Association internationale de la sécurité sociale (AISS), la proportion des plus de 65 ans dans la population active va doubler en Europe au cours des 40 prochaines années, elle va même tripler en Asie. ''Cette tendance a déjà entraîné une réforme des systèmes de retraite, y compris avec une augmentation des âges de départ à la retraite dans plusieurs pays comme la Pologne, la Turquie, la Côte d'Ivoire, la République de Corée et la Colombie'', déclare Simon Brimblecombe, Coordinateur de projet Recherche et analyse politique à l'AISS. Cependant, pour réussir, les réformes des retraites doivent s'accompagner de mesures en faveur de l'emploi et de la santé, comme la possibilité de travailler à temps partiel, destinées aux travailleurs les plus âgés, indique l'OIT. L'autre sujet de préoccupation est le risque de perdre la maîtrise des coûts de la santé. Selon des estimations de l'OCDE, la catégorie des plus de 65 ans représente 40 à 50% des dépenses de santé alors que ce taux est susceptible d'augmenter avec l'accélération du vieillissement démographique. En somme, le défi du vieillissement de la population est clairement mentionné dans la recommandation de l'OIT sur les socles de protection sociale qui a été votée par la Conférence internationale du Travail en juin dernier. ''Parmi les progrès nécessaires, il faudrait envisager des moyens d'améliorer les systèmes de sécurité sociale afin de prévenir certaines maladies liées au grand âge ou d'optimiser leur traitement, permettant à la fois d'améliorer le bien-être des personnes âgées et de rationaliser l'usage des ressources'', selon Hans-Horst Konkolewsky, Secrétaire général de l'AISS.