Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a plaidé mercredi à Alger pour la "constitutionnalisation" de cette institution afin de consolider son "indépendance". Intervenant au forum du quotidien El Wassat, Me Ksentini a indiqué avoir adressé une correspondance au président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, pour que la CNCPPDH devienne une "institution constitutionnalisée, qui n'appartient à personne, pour qu'elle soit plus active, en toute indépendance". La CNCPPDH assure auprès du gouvernement un rôle de conseil et de proposition des droits de l'homme, du droit et de l'action humanitaire et du respect des garanties fondamentales accordées aux citoyens pour l'exercice des libertés publiques. S'agissant de la situation des droits de l'homme en Algérie, Me Ksentini a estimé que l'Etat avait fait des choses "considérables" pour améliorer la situation". "L'Etat a fait des choses considérables pour améliorer la situation des droits de l'homme en Algérie. Certes il y a des incidents comme l'interpellation de journalistes, de non jeûneurs, mais les choses se sont nettement améliorées", a-t-il indiqué. Pour lui, l'Algérie se situe "dans la normalité", par rapport aux "pays qui nous ressemblent", ajoutant "qu'on ne peut pas nous comparer aux pays avancés dans ce domaine comme les pays scandinaves ou l'Angleterre". "Avec tous les progrès que nous avons accompli pour l'amélioration des droits de l'homme en Algérie, il est indéniable que nous sommes dans la bonne direction. En témoigne la liberté de ton des Algériens qui s'expriment librement à travers plusieurs canaux", a-t-il ajouté. Evoquant les entretiens qu'il avait eus avec des responsables de l'Etat, des partis politiques et des associations, Me Ksentini a indiqué que "tout le monde était unanime" pour l'instauration d'un Etat de droit, puisqu'il y a une "volonté politique" et une "demande de la société civile". "Mais il y a des difficultés, car avant tout, un Etat de droit, c'est une culture et il faut des hommes et des femmes sincères et désintéressés pour propager cette culture", a-t-il dit. Interrogé sur la question des disparus, Me Ksentini a fait savoir que si l'Etat décide de la rouvrir, la CNCPPDH "prendrait acte de cette décision", considérant qu'en 'l'état actuel, tout a été fait" à ce sujet. Me Ksentini avait déclaré récemment que l'Algérie n'avait "strictement rien à cacher" sur le dossier des disparus. "C'est une question sur laquelle nous avons beaucoup travaillé et à laquelle l'Etat algérien a apporté une solution. Peut être que ce n'est pas une solution totale, mais en tout cas, c'est la plus grande partie de la solution" qui y a été apportée, avait-t-il affirmé. Les services de la Gendarmerie nationale ont enregistré 7.200 cas de disparus au niveau national, tandis qu'au niveau de la CNCPPDH, il a été recensé 6.146 dossiers, selon Me Ksentini. Il avait également souligné que les organisations onusiennes avaient fait une erreur d'appréciation, en considérant que l'Algérie "ne faisait pas la guerre au terrorisme, mais faisait la guerre à la population civile, ou à une opposition armée, ce qui était faux". Il avait suggéré, à ce propos, d'"envisager un statut pour les disparus", et même une "journée nationale" qui leur soit dédiée, de façon à ce que "ce phénomène extrêmement pénible et douloureux qu'a connu l'Algérie ne se réitère à l'avenir".