Comme prévu en cette année du cinquantenaire de l'indépendance algérienne, les études et travaux d'historiens sur la période coloniale et la guerre de libération nationale auront marqué, par leurs publications, le 17e Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se termine ce samedi après dix jours d'activités. Une multitude d'historiens et de témoins de la période coloniale, Français pour la plupart, ont brillé par de nombreuses publications relatant la guerre de libération, les crimes coloniaux et la torture, au plus près du thème de cette édition ("Mon livre, ma liberté"), une devise qui rappelle que la liberté passe aussi par l'écriture et la libération de l'histoire. Dans l'intervalle de deux éditions du Sila, plusieurs éditeurs algériens ont d'ailleurs travaillé d'arrache pied afin d'acquérir les droits de publication des historiens étrangers à l'instar de l'éditeur constantinois Média-plus, qui présentait cette année six nouvelles publications de livres d'historiens spécialisés dans la période coloniale et la guerre d'Algérie à l'exemple de Sylvie thénault (Violences ordinaire dans l'Algérie coloniale), et Gilles Manceron avec "Le 17 octobre des Algériens". Yacine Hannachi, directeur de la maison d'édition, a confié à l'APS que le grand nombre d'éditions de livre historique représentait pour lui une contribution au cinquantenaire de l'indépendance mais surtout une contribution à l'écriture de l'histoire. Bien que ces publications ne représentent pas un fait conjoncturel chez média-plus mais plutôt une ligne de conduite, le nombre important d'acquisitions de droits de publications concernant l'histoire a été fait pour proposer au lecteur des pages de son histoire à un prix plus accessible, a ajouté l'éditeur. Les nouvelles publications d'historiens algériens sont certes peu nombreuses mais quelques auteurs ont présenté des ouvrages importants du point de vue documentaire comme l'historien Dahou Djerbal, avec "L'organisation spéciale de la Fédération de France du FLN", ou Abderahmane Bouchene co-auteur avec Jean-Pierre Peyroulou et Ouanassa Siari Tengour d'"Histoire de l'Algérie à la période coloniale". Par ailleurs, un événement historique de la période 1954-1962, à savoir les massacres d'Algériens par la police parisienne le 17 octobre 1961, a suscité un nombre important de publications d'historiens étrangers qui étaient aussi présents pour animer des conférences sur le sujet tel que Claude Juin ou l'historien britannique Jim House dont les études sur les massacres du 17 octobre 1961 ont servi de référence pour d'autres chercheurs ayant étudié le sujet. Les stands d'éditeurs algériens comme Apic, Barzakh ou Casbah éditions ont aussi présenté de nouveaux romans d'auteurs algériens et étrangers tel qu'Ahmed Djabbar, Amine Zaoui, Habib Ayoub ou Benamar Mediene qui ont rencontré leurs lecteurs dont l'intérêt se portait sur les romans et les livres scientifiques. Par ailleurs, le Sila a tenu à rendre hommage, en ce cinquantenaire de l'indépendance, aux martyrs de la plume Mouloud Feraoun et Ahmed Reda Houhou, ainsi qu'à Rabah Belamri et à la romancière Assia Djebbar. Le programme de conférences du Sila a fait la part belle à l'histoire coloniale de l'Algérie avec une large participation d'historiens et d'acteurs de la guerre de libération, à l'instar de l'ancien responsable de la Fédération de France, Ali Haroun, le premier bâtonnier algérien Mabrouk Belhocine, et la Moudjahida Louisette Ighilahriz. En parallèle, des conférences ont été organisées autour des thèmes de l'édition, de la coédition et de la cession de droits de publication qui permettraient de rendre le livre plus accessible. En marge du Salon, le Centre national de recherche préhistorique anthropologique et historique (Cnrpah), qui a proposé à la vente quelques études publiées par le centre, a organisé un colloque autour du thème "Histoire et littérature" qui a mis en avant l'influence des violences et des idéologies sur l'écriture de l'histoire. La 17e édition du Salon international du livre d'Alger, qui s'est tenu du 20 au 29 septembre au Palais des exposion les Pins Maritimes, a vu la participation de 630 éditeurs venus de 41 pays.