La 6e édition du festival d'Abou Dhabi a été marquée cette année par une maturité et une audace dans le choix des thèmes abordés et un intérêt particulier accordé à la femme et aux jeunes créateurs. Cette nouveauté est susceptible, de l'avis des professionnels du 7ème art, de hisser ce Festival au niveau international et de lui permettre de toucher un plus grand nombre de cinéphiles et partant encourager l'industrie cinématographique dans la région arabe. La participation arabe à ce festival, notamment les films en compétition officielle, se distingue par l'évocation de sujets interdits et tabous, notamment dans les œuvres maghrébines qui ont ouvertement abordé la question du terrorisme et le fanatisme religieux, à l'instar des films "Parfums d'Alger" de Rachid Benhadj et "Manmoutche" du tunisien Nouri Bouzid. Le film algérien raconte la tragédie d'une famille algérienne, où l'autoritarisme du père pousse le fils à adhérer aux groupes armés et à commettre les crimes les plus vils, en essayant de se venger de son père. Le film se focalise également sur la situation de la femme dans la société. Si le film "Parfums d'Alger" a soulevé la question du terrorisme et du fanatisme religieux, le film tunisien tourné après la révolution revient sur les évènements enregistrés depuis le déclenchement du soulèvement populaire jusqu'à la chute du régime, en insistant notamment sur la relation homme et femme. Le réalisateur a traité tout au long du film le dilemme qui se pose aux deux héroïnes, celui de porter ou non le voile. Le film marocain "les mécréants" du réalisateur Mohcine Besri, établi en suisse, raconte l"histoire de trois jeunes islamistes marocains qui kidnappent de jeunes comédiens partis en tournée. L'extrémisme religieux est aussi le thème du film koweitien "Tora Bora" du réalisateur Walid el Awadi, qui raconte un voyage en Afghanistan d'un couple âgé à la recherche de leur fils Ahmed ayant rejoint un réseau extrémiste. Le film "dénonce l'extrémisme et tous ceux qui veulent détourner l'Islam". La femme est également présente dans les œuvres projetées, notamment par son audace et sa détermination à s'imposer dans une société d'hommes qui a souvent été injuste envers elle ou par son impuissance devant les souffrances subies. Elle n'était pas uniquement présente sur l'écran mais en tant que créatrice, réalisatrice et productrice de plusieurs films dont l'Algérienne Amina Haddad, productrice du film "Harraga Blues", en compétition dans la catégorie des longs métrages. La femme est présente en force au sein du jury, en la personne de l'indienne Shabana Azmi, qui préside le jury désigné pour la catégorie des longs-métrages, aux côtés de la réalisatrice et comédienne iranienne Niki Krimi. Le jury désigné pour la catégorie "nouvelles perspectives" est présidé par la monteuse Françoise Bonnot qui a obtenu l'oscar du meilleur montage pour le film "z" de Costa Gavras, outre la réalisatrice algérienne Safinez Bousbia, membre du jury désigné pour la catégorie des films documentaires. A la fin du festival, un hommage sera rendu à la comédienne italienne Claudia Cardinal et à l'égyptienne Sawsan Badr.