Le Sénat français a adopté mardi, par 174 voix contre 168, une résolution sur la reconnaissance des massacres du 17 octobre 1961 à Paris contre des Algériens sortis pour manifester pacifiquement. Déposée au Sénat par Nicole Borvo Cohen-Seat, ancien sénateur de Paris et présidente du groupe Communiste, républicain et citoyen (CRC), et plusieurs de ses collègues, les sénateurs souhaitent la reconnaissance par la France de "la réalité des violences et meurtres commis à l'encontre de ressortissants algériens à Paris et dans ses environs lors de la manifestation du 17 octobre 1961" et la réalisation d'un lieu du souvenir à la mémoire des victimes. Mercredi dernier, le président français François Hollande avait affirmé que la "République reconnaît avec lucidité" les massacres d'Algériens le 17 octobre 1961, rendant hommage à la mémoire des victimes de la sanglante répression policière. "Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression. La République reconnaît avec lucidité ces faits", a déclaré le président français dans un communiqué diffusé par l'Elysée et dont l'APS avait obtenu une copie. Le président français, qui est attendu en décembre prochain pour une visite officielle en Algérie, a, par ailleurs, rendu hommage aux victimes de cette répression. "Cinquante et un ans après cette tragédie, je rends hommage à la mémoire des victimes", a-t-il dit. Le maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, avait affirmé auparavant attendre des autorités françaises des "positions très claires" sur le massacre d'Algériens le 17 octobre 1961 en France, soulignant ne pas douter que le président Hollande et son Premier ministre sauront dire les mots qui permettront à la France d'être "lucide" vis-à-vis de ce moment tragique de l'histoire. "(à) C'est vrai que j'attends du gouvernement français, du président de la République, des prises de position sur le 17 octobre 1961, qu'elles soient très claires", a-t-il déclaré à la presse, lors d'une cérémonie de recueillement, au pont Saint-Michel, à la mémoire des victimes de ces massacres. Il y a cinquante et un an, des milliers d'Algériens ont été massacrés dans le froid et la pluie à Paris par des policiers chauffés à blanc par des instructions féroces dictées en haut lieu et appliquées avec zèle par le préfet de police de l'époque, Maurice Papon. Le seul tort des Algériens, victimes de la répression, en cette nuit du 17 octobre 1961, est d'être sortis, manifester pacifiquement, contre le couvre-feu raciste qui leur a été imposé par la préfecture de police et répondre à un appel à la protestation de la Fédération de France du FLN, contre plusieurs cas de violence policière ayant eu lieu exclusivement contre la communauté algérienne. La réponse policière sera terrible. Plus tard dans la soirée, les rues de Paris étaient jonchées de cadavres d'Algériens dont un grand nombre fut jeté dans les eaux froides de la Seine. Plus de dix mille personnes sont arrêtées et détenues pendant plusieurs jours durant lesquels les violences se sont poursuivies. Beaucoup sont déportés vers l'Algérie.