L'exploitation du gaz de schiste pourrait constituer une sérieuse option pour l'Algérie à long terme en dépit des enjeux technologiques et environnementaux liés à cette source, a affirmé mardi un spécialiste, soulignant toutefois la nécessité du développement des énergies renouvelables. "C'est vrai que l'Algérie dispose d'un important potentiel en gaz qui, une fois confirmé, pourrait être exploité à long terme, mais l'énergie solaire représente le principal atout", a déclaré Nazim Zouiouèche, expert en énergie et ancien PDG de Sonatrach, lors d'une conférence débat tenue à Alger. Se référant à des études récentes, M. Zouiouèche a indiqué que les bassins d'Illizi-Ghadames dans le sud-est et de Tindouf dans le sud-ouest renferment l'essentiel du potentiel algérien en gaz de schiste. Néanmoins, le coût d'exploitation des gisements et la problématique de la disponibilité de l'eau, élément nécessaire dans la technique de l'hydro fracturation qui permet d'extraire ce gaz non conventionnel, combiné à l'enjeu environnemental sont les principales contraintes liées à l'exploitation de cette source. D'après les chiffres présentés par ce spécialiste, le forage de chaque puits coûte actuellement entre 5 à 7 dollars le MBTU aux Etats-Unis, alors que ce niveau est "beaucoup plus élevé pour l'Algérie", a-t-il souligné. S'agissant des besoins en eau, ils sont situés entre 15.000 à 20.000 m3 par puits. Parallèlement, les disponibilités de la nappe souterraine du sud-est du pays sont estimées à quelque 33.000 milliards de m3, selon une étude réalisée par Sonatrach il y a près de deux décennies. Mais si la disponibilité de l'eau ne pose pas de problème pour la technique de l'hydro fracturation, les autorités devraient trouver une solution pour le risque de voir les nappes affectées par les déchets et résiduels des opérations d'extraction, a-t-il rappelé. Côté rendement, les niveaux espérés sont aujourd'hui très faibles, allant de 10.000 à 20.000 m3 de gaz par jour et par puits, alors que la productivité des puits atteint rapidement son déclin avec une chute de 45% à partir de la deuxième année de l'exploitation, explique M. Zouiouèche. "Ceci dit, l'Algérie ne doit pas renoncer au développement de cette source non conventionnelle, mais je pense qu'il serait préférable de développer les énergies renouvelables, notamment le solaire qui offre une meilleure intégration industrielle et technologique pour le pays", a-t-il souligné. En parallèle, l'Algérie devra développer un système de "veille" sur l'évolution technologique et industrielle liée à l'exploitation du gaz de schiste tout en favorisant les partenariats avec "les groupes énergétiques indépendants, actuellement leaders" de cette industrie. Evoquant le volet législatif, M. Zouiouèche a relevé qu'aucun pays engagé dans le développement de cette source alternative "n'a modifié sa réglementation pour l'adapter à l'exploitation du gaz de schiste". A la question de savoir si l'énergie nucléaire civile pourrait constituer une solution fiable pour l'Algérie, il a observé que la quasi totalité des pays industrialisés se préparent déjà à "sortir du nucléaire", ajoutant que la catastrophe de Fukushima au Japon "a amorcé de processus de sortie".