La démarche de la direction palestinienne auprès des Nations unies (ONU) jeudi pour réclamer le statut de membre observateur de l'organisation onusienne représente "une étape clé" qui traduira dans les faits la proclamation de l'indépendance annoncée en 1988 à Alger mais cette fois-ci en Palestine, estiment les observateurs. Cette proclamation de l'indépendance par le Conseil national palestinien (CNP), l'institution législative de l'OLP, a été un tournant décisif ayant permis aux palestiniens d'avoir une vision globale d'un règlement du conflit dans la région basé sur les résolutions pertinentes de la communauté internationale. Les observateurs estiment également que l'indépendance de la Palestine proclamée à Alger en 1988 a été un précieux acquis dans le long processus de la lutte du peuple palestinien, et surtout "une étape politique majeure" qui devrait précéder la proclamation définitive qui exigeait de réunir les conditions appropriées. Le texte de la proclamation présenté à l'époque par le président défunt Yasser Arafat, souligne "l'instauration de l'Etat de Palestine sur la terre palestinienne, ayant pour capitale El-Qods et fait état de l'accord des palestiniens en faveur de négociations, sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU et du retrait des israéliens de tous les territoires occupés en 1967. Pour la première fois, les palestiniens avaient accepté la solution de deux Etats, l'un palestinien et l'autre israélien, vivant côte à côte. Pour les palestiniens, la proclamation de l'Etat de Palestine était conforme au droit international, et une réaction toute légitime à la proclamation de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948. En effet, la résolution 181 adoptée par l'Assemblée générale de l'ONU qui constituait la base fondamentale sur laquelle reposait l'admission Israël comme membre à part entière de l'ONU, avait souligné la nécessité d'examiner de manière objective la demande relative au deuxième Etat, la Palestine, pour que celui-ci soit admis à l'ONU. Depuis cette date, l'Algérie a toujours oeuvré à la préservation de la souveraineté de la décision palestinienne et à attirer le maximum de reconnaissances de la communauté internationale en faveur de l'indépendance de la Palestine, selon les spécialistes de ce dossier. L'ambassadeur de Palestine à Alger, M. Hussein Abdelkhaleq, a affirmé que "l'Algérie a de tout temps été derrière les grands acquis de la cause palestinienne". Par ailleurs, le processus de solidarité entre l'Algérie et le peuple palestinien a connu des étapes marquantes dont l'accession du défunt leader Yasser Arafat au siège de l'Organisation des Nations unies en 1974 alors que l'Algérie, représentée par le Président Abdelaziz Bouteflika, ministre des affaires étrangères à l'époque, présidait la session. Le pas déterminant, estiment les observateurs, sera sans nul doute l'adoption par l'Assemblée générale à la majorité écrasante, de la décision portant attribution de la qualité de membre observateur à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Cette décision ouvrira la voie devant l'établissement de relations diplomatiques avec divers Etats et entités mettant ainsi fin à la polémique qui régnait autour de la question de représentation du peuple palestinien dans les fora internationaux. La proclamation en 1988 ne sera pas sans donner aux pays amis les bases juridiques pour élargir la reconnaissance de l'OLP et englober celle de l'Etat de Palestine. Désormais, et partant de cette reconnaissance, la Palestine est en mesure d'établir des relations bilatérales chose qui lui donna plus de poids à l'échelle internationale. Ses relations s'étendirent à des pays pivots y compris ceux de l'Europe de l'ouest. Selon les analystes, la proclamation de l'Etat de Palestine par le Conseil national palestinien s'était avérée un "impératif" découlant d'évènements influents sur la cause palestinienne dont l'Intifadha qui a démontré qu'il existait une terre palestinienne sur laquelle vivait près d'un million et demi de Palestiniens sous occupation militaire et une expansion de par Israël de l'occupation ainsi que sa guerre à l'OLP et ses alliés au Liban en 1982. En outre, la fin août 1988 a été marquée par la décision de Jordanie de couper le cordon avec la Cisjordanie et mettre un terme à la double représentation du peuple palestinien ce qui contraint l'organisation, avec ses différentes factions, d'agir pour combler le vide administratif et juridique qui en a découlé. Par ailleurs, le contexte international a influé sur la cause palestinienne, ajoutent les observateurs, à commencer par l'arrivée au pouvoir de Mickhail Gorbatchev le 11 mars 1985 en URSS. C'est alors que s'amorce une forme de consensus entre les pôles américain et soviétique ce qui influa positivement sur nombre de questions régionales donnant lieu à une détente notable. Enumérant les acquis réalisés après la proclamation de l'Etat palestinien, les observateurs soulignent notamment la mise à nu des visées expansionnistes israéliennes et la non ingérence dans les affaires internes des Palestiniens en vue de leur permettre de réaliser leurs objectifs. La proclamation de l'Etat palestinien a favorisé enfin, la tendance à l'intérieur d'Israël qui appelle à l'établissement d'un Etat palestinien aux cotés de celui israélien notamment après la reconnaissance par les Palestiniens des résolutions 242 et 338. Il est temps, avaient indiqué nombre de personnalités et partisans de la paix israéliens, d'entamer des négociations sérieuses entre Israël et l'OLP.