Les nouvelles facilitations des procédures bancaires, objet d'une instruction du Premier ministre rendue publique lundi, ont été accueillies avec "soulagement" par des hommes d'affaires, banquiers, économistes ou encore de simples citoyens. "Nous sommes satisfaits de cette instruction surtout qu'elle cadre avec l'une des 50 propositions que nous avons formulées au gouvernement" en 2011, s'est réjoui le président du FCE, Reda Hamiani dans une déclaration à l'APS. L'instruction de M. Sellal, portant sur l'allègement de la procédure d'ouverture de comptes bancaires et sur des facilitations de l'accès des PME aux crédits, "va dans la bonne direction étant donné que notre économie souffre d'une gestion administrative qui a besoin d'être allégée", a-t-il soutenu. Le Forum des chefs d'entreprises, la plus importante organisation patronale du pays, attend à cet effet "avec impatiente" la mise en place du traitement informatique des données par les banques, comme l'a ordonné le Premier ministre. "Nous attendons avec impatience la concrétisation de la e-gouvernance dont l'introduction du traitement informatique qui va simplifier la relation entre la banque et ses clients", a déclaré M. Hamiani. Le patron des patrons s'est montré tout de même peu optimiste quant à la réduction des délais d'octroi des crédits sans une réelle "décentralisation" de la décision bancaire. "Il faut que la banque puisse prendre sa décision en moins de 45 jours, alors qu'aujourd'hui on met 9 mois voire un an pour octroyer un crédit", a-t-il déploré. Cette lourdeur administrative n'est que le résultat, soutient M. Hamiani, de la centralisation "excessive" de la prise de décision dont souffrent surtout les investisseurs installés à l'intérieur du pays. "Soit on accorde aux agences bancaires locales l'autonomie de gestion, soit on impose à la banque mère une date limite pour prendre sa décision", suggère cet homme d'affaires et ancien ministre de la PME dans le début des années 1990. Sur la question de la responsabilité liée à la gestion des risques, qui fera l'objet de concertations entre les ministres de la Justice et des Finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie, il estime " indispensable" la dépénalisation de la prise de risques chez les banquiers. "Il faut que les banquiers aient des marges de manœuvres importantes car si un crédit n'est pas remboursé ce n'est pas la faute au banquier", a-t-il fait remarquer. Aux yeux du Délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrezak Trabelsi, l'instruction du PM a mis fin à un "enchevêtrement de dispositions réglementaires éparses" faisant intervenir plusieurs institutions et parfois même dans l'incohérence. L'instruction de M. Sellal ne soulage pas donc les clients seulement mais soulage surtout les banques, selon M. Trabelsi qui intervenait mardi à la Radio nationale. Revenant sur les facilitations accordées aux particuliers, M. Trabelsi a salué la "débureaucratisation" de la relation banque-client en autorisant l'ouverture de comptes bancaires même pour les personnes ne justifiant pas d'un revenu régulier ou permanant. Pour l'économiste et directeur de l'Institut des ressources humaines (IRH), Dr Mohamed Bahloul, les facilitations annoncées constituent "un très bon acte" de modernisation du système financier en Algérie mais aussi de réhabilitation de la confiance banque-client. "S'il y a un problème dans nos banques c'est bien le problème de la confiance entre la banque et son client. En réactivant la bancarisation en Algérie à travers ces allègements, on pourra rétablir cette confiance et assurer par la même une meilleure visibilité des capitaux", a expliqué M. Bahloul. Cette débureaucratisation a été également bien accueillie chez les citoyens. "C'est un retour au bon sens (à) je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi on exigeait une attestation de travail à quelqu'un qui voulait ouvrir un compte bancaire", a lâché une sexagénaire interrogée par l'APS. "Je n'ai pas terminé mes études, je suis chômeur, c'est vrai que je n'ai pas beaucoup d'argent à épargner, mais le fait de savoir que j'ai le droit d'ouvrir un compte bancaire me donne le sentiment d'être un bon citoyen", a de son côté confié Mohamed, la vingtaine à peine. Le système bancaire en Algérie est actuellement constitué de 27 banques et établissements financiers dont 6 banques publiques et 14 banques privées à capitaux étrangers. A fin 2011, le réseau des banques publiques comprenait 1.083 agences, contre 1.077 en 2010, et celui des banques privées et établissements financiers 343 agences contre 290 en 2010, selon le dernier rapport de la Banque d'Algérie. Totalisant 1.426 guichets d'agences (1.367 en 2010), l'Algérie comptait un guichet pour 25.700 habitants contre un guichet pour 26.300 habitants en 2010, selon la BA qui souligne que chaque personne en âge de travailler possédait en moyenne 2,6 comptes, bancaires ou postaux, à fin 2011. L'économiste s'est montré très optimiste sur ce point précis : "il faut qu'on arrive à parler de la banque de la famille comme si on parlait du médecin de la famille", a-t-il dit. La mission de contrôle devrait tout de même être renforcée par les banques à condition que ça soit un "contrôle à posteriori" qui n'entrave pas l'activité bancaire tout en lui assurant le maximum se sécurité, recommande enfin Dr Bahloul. Dans une instruction adressée à huit ministres, aux PDG des banques publiques et à l'ABEF, le Premier ministre a exigé un suivi rigoureux d'une batterie de mesures qui doivent être appliquées très prochainement. "Je vous charge de veiller personnellement à la mise en oeuvre diligente de ces mesures, issues du Conseil interministériel du 13 novembre, avec un suivi particulier et des sanctions en cas de défaillance", écrit M. Sellal dans son instruction.