Le Conseil de sécurité a autorisé jeudi le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) mais en fixant des conditions qui dépendent des résultats du dialogue politique, des élections et de la formation des troupes militaires africaines. La résolution 2085 (2012), adoptée à l'unanimité de ses 15 membres, s'articule autour de deux point fondamentaux : le processus politique et le dispositif de sécurité (formation des forces maliennes, déploiement de la MISMA sous conduite africaine, appui international, droits de l'homme, financement). Accordant une place importante au processus politique, le Conseil de sécurité a exhorté les autorités maliennes ‘‘à établir, en tenant un dialogue politique large et ouvert, une feuille de route pour la transition, et à rétablir pleinement l'ordre constitutionnel et l'unité nationale, en tenant dans des conditions pacifiques des élections présidentielles et législatives crédibles et sans exclusive d'ici à avril 2013''. Aussi, la résolution ‘‘exige que les groupes rebelles maliens rompent tout lien avec des organisations terroristes, en particulier avec Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) et le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO)''. Dans ce sens, le Conseil de sécurité a demandé instamment aux autorités de transition maliennes ‘‘de mettre en place rapidement un cadre de référence crédible pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays qui ont rompu tout lien avec une organisation terroriste, tout particulièrement avec AQMI et avec les groupes y affiliés, dont le MUJAO, et qui acceptent sans conditions l'unité et l'intégrité territoriale de l'Etat malien, dans le but de répondre aux préoccupations de longue date des populations du nord du pays''. Sur ce point, il a prié le Secrétaire général de l'ONU ‘‘de prendre les mesures voulues pour aider les autorités de transition maliennes à renforcer leurs capacités de médiation et pour faciliter et intensifier le dialogue''. Aussi, la résolution a condamné vigoureusement les enlèvements et les prises d'otage perpétrés par Al-Qaida au Mali et dans toute la région du Sahel ‘‘comme moyen de recueillir des fonds ou d'obtenir des concessions politiques''. Pour ce qui concerne le dispositif de sécurité, le Conseil autorise le déploiement de la MISMA, actuellement en gestation, mais en la chargeant de prendre toute mesure utile pour aider à reconstituer la capacité des Forces de défense et de sécurité maliennes et pour aider les autorités de Bamako à reprendre les zones du nord de son territoire ‘‘en prenant, en même temps, des mesures susceptibles de réduire les effets des opérations militaires sur la population civile''. Ces actions, souligne-t-il, devront se faire ‘‘dans le respect du droit international humanitaire et des droits de l'homme, et dans le respect le plus total de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'unité du Mali''. En vertu de ce texte, l'Union africaine devra faire rapport au Conseil, tous les deux mois, sur le déploiement et les activités de la MISMA, y compris avant le lancement de l'offensive dans le nord du pays. Le Conseil souligne que ‘‘la planification militaire devra continuer d'être affinée avant le lancement des offensives'' et prie le Secrétaire général de ‘‘confirmer à l'avance que l'offensive prévue est à sa satisfaction''. En matière de financement, il a demandé à Ban Ki-moon de créer un fonds d'affectation spéciale auquel les pays pourront verser des contributions destinées à la MISMA ou à la formation et à l'équipement des Forces de défense et de sécurité maliennes, ainsi qu'à la tenue d'une conférence des donateurs. Après l'adoption de la résolution, le ministre malien des Affaires étrangères, Tieman Hubert Coulibaly, qui a assisté à la réunion du Conseil de sécurité, a réaffirmé la détermination de son gouvernement à poursuivre, sous l'égide du médiateur de la CEDEAO, les discussions amorcées avec les groupes rebelles maliens qui ont décidé de rompre tout lien avec AQMI, le MUJAO et les groupes rebelles et extrémistes qui leur sont affiliés. Il est à rappeler qu'à la veille de l'adoption de cette résolution, Ban Ki-moon avait déclaré, lors d'une conférence de presse, qu'il fallait ‘‘mener de façon sérieuse un dialogue et des négociations, même si on prépare avec attention des options militaires'' au Mali. Pour sa part, le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a également insisté sur la nécessité de la poursuite des négociations avec les groupes armés du nord du pays qui ont rompu tout lien avec des organisations terroristes, ajoutant qu'une intervention militaire ‘‘mûrement réfléchie et bien exécutée dans le nord ne devrait être lancée qu'en dernier recours''.