Si la bataille de la mobilisation de la ressource hydrique a été remportée par l'Algérie à l'issue d'une décennie de gigantesques réalisations, le pays s'est lancé à partir de 2012 dans l'enjeu de garantir une répartition équitable d'une richesse en constante raréfaction. En effet, le nouveau programme de grands investissements publics pour la période 2010-2014, qui a consacré une somme beaucoup plus importante frôlant les 20 milliards de dollars, prévoit de poursuivre l'effort de rééquilibrer la disponibilité de la ressource entre les différentes régions. A long terme, l'Algérie mise sur le transfert entre ses différentes régions d'un volume d'eau de 600 millions de m3/an, soit l'équivalent de la capacité globale de 6 grands barrages, selon des experts. Actuellement en cours de réalisation, ce programme comprend, notamment, la réalisation de plusieurs ouvrages de mobilisation, d'approvisionnement en eau et d'assainissement ainsi que d'irrigation, destinés à assurer une répartition plus équilibrée entre les régions du pays et les usages mais aussi une équité dans la dotation en eau et les services, ce qui devra permettre à l'Algérie de se rapprocher davantage des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en matière d'accès à l'eau potable et à l'assainissement. La mise en £uvre de ce dispositif permettra, en outre, de consolider les acquis réalisés à la faveur d'une stratégie nationale de l'eau mise en place par l'Algérie durant la période 2000-2008 et qui portait sur la couverture des besoins en eau domestique, industrielle et agricole au regard des déficits existants et de la demande future. Le nouveau ministre en charge du secteur, Hocine Necib, qui succède à la tête de ce département à Abdelmalek Sellal, nommé Premier ministre, a, lui aussi, adhéré à cette approche, annonçant récemment la mise en place prochaine d'une nouvelle stratégie, en vue de répondre au souci d'assurer une répartition équitable de l'eau en Algérie. Après la mobilisation de l'eau, assurer sa répartition équitable Outre la poursuite de la réalisation de grands transferts entre régions de cette ressource rare, à l'instar du grand projet In Salah-Tamanrasset, inauguré en 2011, et celui de Koudiat Acerdoune, d'une capacité de 220 millions m3 destinés à couvrir les besoins des wilayas de Tizi Ouzou, Médéa et Bouira, cette nouvelle stratégie porte essentiellement sur la substitution de l'eau utilisée pour l'irrigation par l'eau épurée qui sera proposée gratuitement aux agriculteurs. M. Necib qui a reconnu "l'inégalité" de la répartition des ressources en eau à travers les différentes régions du pays, a mis l'accent sur l'impératif d'une réalisation d'ouvrages de mobilisation associés à des ouvrages de transfert et aussi l'interconnexion des barrages situés dans les zones arides à ceux du nord, souvent bien remplis. Toujours dans le souci d'assurer une dotation équitable à travers toutes les régions du pays, de nouveaux projets de transfert hydraulique destinés à acheminer de l'eau vers les Hauts plateaux à partir du grand Sud sont annoncés par les pouvoirs publics et dont l'achèvement est prévu avant la fin du quinquennat en cours. Le projet hydraulique des plaines sétifiennes, inscrit dans ce programme, constitue, en effet, le fer de lance de la nouvelle vision. D'un coût de 130 milliards DA, ce projet conçu pour acheminer vers la wilaya de Sétif quelque 300 millions de m3/an d'eau à partir des barrages d'Ighil Emda (Bejaia) et d'Erraguene (Jijel) sera livré en octobre 2013. Grâce à cette réalisation, 40.000 hectares de terres agricoles supplémentaires, essentiellement céréalières, seront irriguées, en plus de la fourniture du raccordement de l'eau potable en faveur d'une population estimée à 1,3 million d'habitants. De même, ce projet, qui va contribuer à quintupler la production agricole dans la wilaya de Sétif, "permettra d'augmenter la production nationale de l'ordre de 20%, en plus de l'impact sur l'emploi, 100.000 postes de travail dans l'agriculture devant être créés", d'après des prévisions établies par les initiateurs du projet. En outre, l'étude relative au projet similaire de transfert des eaux de la région de Goléa vers les wilayas de Djelfa, M'sila et Tiaret est achevée, tandis que la réalisation de sa première tranche doit être entamée en 2013. Transférer à long terme 600 millions de m3/an, l'équivalent de 6 barrages Quant au projet lié au transfert des eaux souterraines du "Chot El Gharbi" vers les régions de Tlemcen, Sidi Bel-Abbès, Saida et Naâma, les études sont "en cours de lancement". Ce projet devra transférer 60 millions de m3 pour assurer l'alimentation en eau potable des habitants de cette région, même si le plus gros de ces ressources sera destiné vers l'irrigation agricole. Selon M. Necib, la réalisation de l'ensemble des transferts hydrauliques annoncés porte sur un volume global de 600 millions de m3/an et dont la réalisation est prévue sur huit phases indépendantes et interconnectées progressivement, allant de 2010 à 2040. Par ailleurs, la réalisation de l'ensemble de ces actions devrait être combinée à une gestion efficiente pour optimiser l'économie de l'eau dans un pays semi-aride et dans un contexte régional marqué par la montée des tensions géopolitiques autour de l'or bleu. Le Plan national de l'eau (PNE) qui offre toute la visibilité en termes de planification et de prospective prévoit de porter la quantité d'eau potable produite actuellement de 3 milliards de m3/an à plus de 4 milliards de m3 à l'horizon 2030.