Alimentation des zones à faibles ressources hydriques, affectation des eaux épurées pour l'irrigation des champs agricoles, amélioration de la gestion du service public, sensibilisation des citoyens sur la nécessité de préserver l'eau dont le prix n'augmentera pas, tels sont les principaux objectifs de l'Algérie pour les 30 prochaines années, sur lesquels le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, est revenu hier sur les ondes de la radio nationale. Pour une répartition équitable des ressources entre toutes les régions du pays semi-aride qu'est l'Algérie,a déclaré le ministre, soulignant que son département poursuivait le programme de construction des ouvrages de mobilisation et de transfert des eaux superficielles, souterraines et non conventionnelles (dessalement et réutilisation des eaux épurées). Un programme qui, ces dix dernières années, a nécessité l'investissement de pas moins de 40 milliards de dollars, mais qui a valu à l'Algérie les félicitations des organismes internationaux pour avoir «atteint les objectifs de développement du millénaire avant terme», a rappelé le ministre.En plus de la réalisation annoncée, de nombreux projets structurants (barrages, stations de dessalement, forages ). Hocine Necib a indiqué qu'une étude de faisabilité a été lancée autour du projet de transfert d'eau du Sud vers les Hauts Plateaux : «Aujourd'hui, nous en sommes à la première tranche du transfert des eaux souterraines de Laghouat à Boussada en passant par Djelfa et Tiaret», a-t-il précisé, à propos de ce méga projet décliné en huit phases à interconnecter de manière graduelle d'ici 2040 et qui, à terme, devrait charrier quelque 600 millions de mètres cubes par an. Mais d'ici 2030, afin de satisfaire la demande en eau potable prévue par le Plan national d'eau, instrument sur lequel MRE base ses projections, l'Algérie devra porter sa production de 3 milliards de m3 à 4,113 milliards m3 annuels. Pour cela, entre autres projets envisagés, 15 nouveaux barrages - qui se trouvent en avant-projets détaillés ou en études de faisabilité - viendront conforter l'ensemble de 68 barrages existants à travers le territoire national : «Certains seront construits dans des zones à faible pluviométrie pour être alimentés à partir d'autres barrages afin d' assurer l'hydro solidarité sur tout le territoire national», a annoncé le ministre en citant l'exemple de deux grands barrages qui seront réalisés à Sétif (400 millions de m3 par an) et alimentés à partir de Bejaïa et Jijel pour permettre à la population de cette région à faible pluviométrie d'accéder à l'eau potable (300 millions de m3 par année sont prévus). En termes de remplissage des barrages pour l'année en cours, Hocine Necib a indiqué que la moyenne nationale avoisinait 68% avec plus de 70% pour la partie Ouest du pays qui, phénomène inédit, enregistre un taux de remplissage supérieur à la partie Centre. PAS D'AUGMENTATION DU PRIX DE L'EAU Sur un autre registre, tout en écartant l'éventualité d'une augmentation du prix, le ministre a tenu à appeler les consommateurs à la préservation de l'eau potable dont «le coût économique réel est élevé». Il a, à ce titre, insisté sur les efforts déployés ces dernières années en matière d'assainissement pour prémunir la population contre les maladies à transmission hydrique qui, a-t-il signalé, tuent 25 millions d'enfants dans le monde, chaque année. Sur le programme de réutilisation des eaux épurées affectées à l'irrigation des surfaces agricoles, qui continue de buter sur la réticence des agriculteurs, le successeur de Abdelmalek Sellal a tenu à rassurer les fellahs sur la propreté de cette ressource qui «répond parfaitement aux critères fixés par l'OMS ». De plus, a-t-il ajouté, cette ressource est offerte gratuitement en même temps que les boues très fertilisantes qui se dégagent de l'épuration. Malgré cette réticence «culturelle», le MRE ambitionne quand même à horizon 2014 d'affecter 1,2 milliard de mètres cubes d'eau épurées au secteur agricole «dans un souci d'économie de l'eau et de protection de l'environnement» Hocine Necib évoquera également l'exploitation envisagée du gaz de schiste et souligné la nécessité que les surfaces aquifères proches des populations doivent être préservées des exploitations. Pour le reste, a-t-il indiqué, il n'y a pas d'impact sur la disponibilité de la ressource puisque le volume d'utilisation d'eau prévu sur 40 ans est de 1 milliard de m3 (recyclé, il sera ramené à 600 millions m3) : «C'est un niveau d'exploitation très faible qui ne menace pas la ressource puisque notre modèle nous recommande de mobiliser, en toute sécurité, 5 milliards m3 par an alors que nous consommons beaucoup moins», a-t-il encore assuré.