Le colonisateur français a exercé un véritable blocus sur la presse arabe et sur les intellectuels et hommes de culture algériens en renforçant le contrôle des publications et journaux hostiles à ses positions et à toute autre forme de colonialisme, a indiqué mardi à Oran l'historien, Dr Mohamed El Korso. Intervenant lors du colloque international sur "La presse algérienne, un capital du passé et un affluent des défis actuels et futurs", M. El Korso a expliqué que la démarche d'isolement exercée par l'administration de l'occupation française contre la presse arabe et les intellectuels algériens, a été accompagnée par "la promulgation de lois consacrant le contrôle sur l'activité intellectuelle et l'interdiction d'entrée de la presse arabe, surtout celle e l'Orient". Dans sa communication intitulée "problématique de diffusion de la presse maghrébine et de l'Orient dans la province d'Oran (1920-1954)", le conférencier a expliqué que le colonisateur français avait interdit l'entrée en Algérie de 67 titres de journaux de pays arabes en utilisant des moyens de censure comme "le recours aux rapports émanant des services de la poste qui indiquaient le nom et l'adresse de l'expéditeur, la qualité et le contenu des journaux et publications destinées à l'Algérie". "Pour desserrer cet étau, les Algériens utilisaient plusieurs astuces pour diffuser des publications et des périodiques arabes interdits en les intégrant dans des journaux autorisées ou en les introduisant sous d'autres titres ou dans des lots de marchandises provenant de pays arabes, ou avec la complicité d'étudiants, de troupes artistiques, de hadjis, ou encore par le contact de dockers ou avec des étrangers", a souligné le conférencier. Pour sa part, Dr Rabah Lounici de l'université d'Oran a indiqué dans sa communication intitulée "la guerre d'information lors de la révolution de libération nationale", que la France avait édité, durant son occupation de l'Algérie, "un grand nombre de publications pour convaincre l'opinion publique française que sa mission en Algérie est pour civiliser les Algériens qu'elle qualifiait de barbares". Le conférencier a mis en exergue le rôle de la direction de la révolution algérienne "qui avait su mettre en branle les mass médias pour faire connaitre les principes de la révolution à l'intérieur du pays et sur le international". Dr Ahmed Adhimi de l'université d'Alger a, quant à lui, traité, dans sa communication intitulée "le rôle de la presse audiovisuelle dans la préservation de la sécurité nationale", de l'engouement des algériens pour les chaînes de télévision étrangères en l'absence de chaînes privées, mettant l'accent sur l'importance de l'ouverture de l'audiovisuel. Cette rencontre de deux jours, organisée par le département des sciences de l'information et de la communication de l'université d'Oran et qui s'inscrit dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale, a été marquée par la participation plusieurs chercheurs de différentes universités du pays et du Liban.