Réalité n L'échec de la télévision nationale pour attirer les téléspectateurs algériens les a poussés à opter pour les programmes de chaînes de télévision étrangères. Le paysage audiovisuel en Algérie se limite à une seule chaîne terrestre déclinée en quatre canaux satellitaires. Tout le monde a pu constater que nos chaînes diffusent globalement les mêmes programmes, pour la plupart obsolètes. D'ailleurs, rares sont les jeunes téléspectateurs à opter pour ces programmes. Des études réalisées au niveau de la faculté des sciences politiques et de l'information ont révélé que sur 20 millions d'Algériens âgés de moins de 25 ans, certains ont déclaré n'avoir jamais regardé la télévision, même pas le journal télévisé. «Au niveau national, ce sont des millions d'Algériens, notamment des jeunes, qui n'ont jamais regardé la télévision algérienne», estime le Dr Adhimi. «En Algérie, nous recevons environ 1 000 chaînes arabes, que ce soit de musique, de politique ou de religion… Si les Algériens regardent plus les chaînes étrangères, ce n'est pas parce qu'ils sont ouverts ou curieux mais c'est en raison de l'absence d'espaces de débat et de dialogue», explique le Dr Adhimi. «Aujourd'hui, l'opinion publique nationale est exposée à un risque de désinformation avec ces chaînes étrangères», a-t-il averti. Sur un autre plan, et dans le but de créer une émulation au sein de la radio et de la télévision, le ministre de la Communication a annoncé récemment la «finalisation» des statuts de la télévision et de la radio nationales. Ainsi, en dotant chaque chaîne de son propre statut, elles seront indépendantes l'une de l'autre. A titre d'exemple, à partir de 2012, précise le ministre de la Communication, il y aura trois journaux télévisés différents sur chaque chaîne, ce qui permettra au téléspectateur de disposer d'une palette de programmes et de créer la concurrence entre les chaînes publiques, comme cela se passe dans d'autres pays. Doter ces chaînes d'une base juridique, ce qui leur permettra d'être érigées en chaînes autonomes, constitue «déjà une avancée», selon Boualem Aïssaoui, producteur-réalisateur. «Nous, en tant que producteurs, nous avons toujours souhaité que ces canaux satellitaires bénéficient d'une base juridique pour être érigés en véritables chaînes autonomes avec leur grille de programme, leur public, leur budget et leur personnel. Si ces quatre canaux satellitaires bénéficient d'une base juridique, d'un statut de chaînes à part entière, le paysage audiovisuel serait consolidé, du moins dans la partie des télévisions publiques. On pourrait ensuite discuter du contenu, des programmes, cibles et lignes éditoriales de ces télévisions», note M. Aïssaoui. Par ailleurs, le ministre de la Communication a annoncé que la télévision nationale sera dotée de trois bureaux permanents et structurés au Caire, à Paris et à Washington. «On doit professionnaliser davantage la TV, sans faire de procès à quiconque. Ce qui nous intéresse, c'est l'avenir», explique le ministre. En prônant une ouverture dans la continuité de la fermeture, donc sans l'émergence de chaînes privées, de nombreux spécialistes estiment que parler d'une professionnalisation de la TV est un non-sens…