L'armée malienne soutenue par des troupes françaises poursuivait lundi son offensive contre les groupes terroristes qui occupent le Nord du Mali, alors que l'Afrique de l'Ouest réclamait un appui logistique et financier pour le déploiement de la force de soutien internationale (Misma). Une unité de forces maliennes et françaises est entrée dans la journée dans Diabali (ouest), une ville qui a été abandonnée en partie par les groupes terroristes suite à des bombardements de l'aviation française. Une trentaine de véhicules blindés dans lesquels se trouvaient quelque 200 soldats maliens et français n'ont rencontré aucune résistance dans leur avancée dans cette ville située à 400 km au nord-est de la capitale Bamako, selon les correspondants de presse. Samedi, l'armée malienne avait patrouillé en périphérie de Diabali, prise le 14 janvier par des terroristes mais qui l'avaient abandonnée trois jours plus tard, après plusieurs bombardements de l'aviation française. Vendredi, l'armée malienne a annoncé avoir repris le "contrôle total" de la localité de Konna (centre), après sa prise le 10 janvier par des groupes terroristes. La prise de Konna avait déclenché l'intervention de l'armée française dans le nord malien, "à la demande de Bamako" dont les forces armées peinaient à faire face à l'avancée des terroristes. Depuis le 11 janvier date du début de l'opération, la France a déjà déployé 2.000 soldats au Mali, un chiffre appelé, selon Paris, à augmenter et pourrait même dépasser 2.500 hommes. L'entrée des forces maliennes et françaises dans Diabali intervient alors que les soldats qui doivent composer la force internationale de soutien au Mali (Misma) continuent d'arriver dans le pays pour prendre le relais de la France. Quelque 2.000 membres de la Misma, dirigée par un général nigérian, Shehu Abdulkadir, doivent être déployés d'ici au 26 janvier. Une centaine de soldats togolais et nigérians sont déjà arrivés à Bamako. Huit pays ouest-africains - Nigeria, Togo, Bénin, Sénégal, Niger, Guinée, Ghana, Burkina Faso et Tchad - ont déjà annoncé leur contribution à la Misma, qui comprendra quelque 5.800 soldats. Le Bénin a fait savoir qu'il allait envoyer sur le sol malien 650 soldats, au lieu des 300 prévus dans un premier temps. Une cinquantaine de soldats béninois ont déjà quitté Cotonou pour Bamako vendredi et samedi. Le Sénégal devrait également déployer quelque 500 soldats qui avaient déjà quitté Dakar lundi à destination du Mali. A l'issue d'un sommet samedi à Abidjan, la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a appelé les Nations unies à fournir "immédiatement" son "appui logistique et financier" pour le déploiement de la force militaire de soutien au Mali. Les dirigeants ouest-africains, avec le président tchadien Idriss Deby, ont aussi insisté sur le besoin de mobiliser les ressources financières, au niveau de l'Afrique de l'Ouest et plus largement de la communauté internationale, nécessaires, selon eux, aux opérations de l'armée malienne et de ses soutiens africains. Selon le président de la Commission de la Cédéao, Désiré Kadré Ouédraogo, l'intervention africaine dans le nord du Mali nécessite un financement estimé à environ 500 millions de dollars. Une conférence des donateurs est prévue le 29 janvier à Addis-Abeba, sous l'égide de l'Union africaine (UA) alors que les pays africains concernés éprouvent de sérieuses difficultés à acheminer leurs troupes et à financer leur déploiement. Les fonds recueillis lors de cette conférence vont s'ajouter à "ce qui a été prévu par les Nations unies" et l'ensemble sera placé sous contrôle de l'Onu, selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. L'Allemagne a annoncé qu'elle allait proposer une aide financière supplémentaire lors de la prochaine réunion des donateurs. Outre l'aide financière, Berlin a mis deux avions de transport à disposition de la Cédéao et compte aussi porter une aide humanitaire d'un million d'euros à destination des réfugiés dans les pays voisins du Mali, et envoyer du personnel qualifié pour former les troupes africaines.