Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a prévenu vendredi devant le Conseil de sécurité que la crise au Mali présentait des "risques réels de déstabilisation dans certains des pays limitrophes" ainsi que d'une aggravation de la menace terroriste dans la région. Intervenant devant l'organe de décision de l'ONU pour présenter le rapport du Secrétaire général des Nations unies sur la situation au Sahel et au Mali en particulier, M. Djinnit a affirmé que si les dirigeants de la région avaient fait des progrès significatifs vers la promotion et la consolidation de la paix, les événements au Mali et au Sahel, associés à d'autres menaces dont le trafic de drogues, la piraterie et la criminalité transnationale organisée, ont en revanche "le potentiel de nuire à la sécurité en Afrique de l'Ouest". Conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, M. Djinnit a souligné avoir travaillé en étroite collaboration avec la CEDEAO et d'autres parties prenantes pour soutenir la mise en œuvre des différents piliers du Concept stratégique adopté lors de la réunion du Groupe d'appui et de suivi sur le Mali tenue à Bamako en octobre dernier. Il a indiqué que la décision du groupe Ansar Dine de renoncer à la cessation des hostilités qui avait été prise le 4 décembre et les avances vers le sud par des éléments extrémistes avaient "accéléré le recours à l'option militaire" après que les autorités maliennes sollicitèrent l'assistance de la France dans le but d'arrêter la progression des groupes extrémistes. M. Djinnit a demandé à toutes les parties et à toutes les forces d'assurer le plein respect du droit international humanitaire et des normes internationales relatives aux droits de l'homme. Le Représentant spécial a rappelé la mobilisation des pays de l'Afrique de l'Ouest dans le déploiement rapide de troupes sur le terrain et l'accélération de l'opérationnalisation de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA). Par ailleurs, il a estimé qu'il faudrait veiller à ce que le processus politique ne soit pas négligé et que les efforts pour consolider et renforcer le processus de transition se poursuivent. "Il est maintenant essentiel que les autorités maliennes finalisent la feuille de route pour mettre fin à la transition par le biais d'un processus inclusif et consultatif, avant son adoption", a-t-il insisté. Le Représentant spécial pour l'Afrique de l'Ouest a, en outre, mis l'accent sur l'importance des préparatifs pour la tenue d'élections et de la poursuite d'un processus de réconciliation large qui renforcerait les fondements de la cohésion nationale au Mali. M. Djinnit a observé que "la situation au Mali illustre bien la fragilité et la vulnérabilité" qui prévalent actuellement dans l'ensemble de la région du Sahel, en précisant que cette crise avait des "répercussions significatives pour la sous-région". Il a, en particulier, évoqué des "risques réels d'infiltration et de déstabilisation" dans certains des pays limitrophes du Mali, ainsi qu'une aggravation de la menace terroriste globale dans la sous-région. "Tout cela met en évidence l'importance de l'initiative des Nations unies sur le Sahel que dirige l'Envoyé spécial, Romano Prodi", a-t-il soutenu. Au-delà des crises au Mali et au Sahel, la région continue d'être confrontée à la menace posée par la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée, dont les conséquences économiques sont immenses pour les pays de la région, a affirmé, par ailleurs, le Représentant spécial. M. Djinnit a annoncé qu'un accord avait été obtenu pour la tenue d'une conférence ministérielle des pays du golfe de Guinée, au Bénin, en mars 2013. Celle-ci sera suivie par un sommet des chefs d'Etat à Yaoundé (Cameroun) en vue de lancer le processus de finalisation d'un cadre stratégique de lutte contre la piraterie maritime et la criminalité transnationale organisée. Par ailleurs, il a affirmé que l'Afrique de l'Ouest avait continué de faire face à d'importants défis à la gouvernance, à la consolidation de la paix et à la prévention des conflits, comme l'ont illustré la crise actuelle au Sahel et, en particulier, au Mali, la situation en Guinée-Bissau, ou encore la menace mondiale que représentent la criminalité transnationale organisée et le terrorisme.