Intervenant lundi au cours d'une séance d'information au Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Afrique de l'Ouest, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies et chef du bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a estimé que les conséquences sécuritaires de la crise libyenne “aggravent l'instabilité chronique de la sous-région, en particulier dans les pays du Sahel”. Le fonctionnaire onusien, qui a rencontré récemment les présidents du Mali et du Niger, a souligné que ces derniers ont indiqué que leurs pays respectifs, déjà confrontés à la sécheresse cyclique, l'insécurité alimentaire, le chômage des jeunes et l'insécurité dans les régions septentrionales, se voient imposer des problèmes engendrés par la crise libyenne, ce qui requiert une plus grande aide de la part de l'ONU. Il ne manquera pas de rappeler les diverses menaces sécuritaires qui pèsent en Afrique de l'Ouest, parmi lesquelles les activités du groupe Boko Haram au Nigeria, la piraterie dans le golfe de Guinée, les conséquences de la crise libyenne, le trafic de drogue et l'instabilité liée aux élections. Tout en reconnaissant que la sous-région n'a pas connu de récurrence de conflit ouvert et que les tensions liées aux crises institutionnelles ou politiques internes aux Etats ont diminué tant en nombre qu'en intensité, Saïd Djinnit appellera à demeurer vigilant, tout en affirmant que “certains pays de la sous-région ont organisé des élections jugées crédibles par la communauté internationale”. Craignant la montée en puissance des activités du groupe Boko Haram au Nigeria, le représentant de Ban Ki-moon estimera que “la conduite à bonne fin des processus en cours de dialogue politique et de réconciliation nationale dans les pays de la sous-région, notamment au Togo, en Guinée et en Côte d'Ivoire, est déterminante dans la pérennisation des avancées réalisées par l'Afrique de l'Ouest”. Il déclarera également que “si les pays de l'Afrique de l'Ouest ont été épargnés par les crises et les conflits violents ces derniers mois, ils ont dû faire face en revanche à la recrudescence des menaces transfrontalières”. Dans ce cadre, M. Djinnit citera l'accroissement notable des actes de piraterie dans le golfe de Guinée qui exige de faciliter la coopération régionale à travers l'implication de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), celle des Etats de l'Afrique centrale (Ceeac), la Commission du golfe de Guinée, l'ONU et la communauté internationale. Il mettra en garde contre les conséquences du trafic de drogue et de la criminalité organisée sur la stabilité sous-régionale et les institutions étatiques, tout en appelant à une plus grande mobilisation politique et à une coopération sincère entre les pays de production, les pays de transit et les pays de destination. Faisant référence à la Déclaration de Bamako et à son cadre stratégique, adoptés en décembre dernier lors de la Conférence régionale sur l'impunité, la justice et les droits de l'Homme, le représentant spécial de l'ONU se réjouira de l'appropriation des recommandations de la Déclaration sur les élections et la stabilité en Afrique de l'Ouest, adoptée à l'issue de la Conférence régionale de Praia organisée par le Bureau des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest (Unowa) en mai 2011. M.T.